"La France sera le prochain pays touché par la crise de la dette"
Le Point.fr
- Publié le 13/07/2011 à 20:07 - Modifié le 13/07/2011 à 20:31
Dans une interview au Point.fr, l'économiste Philippe
Dessertine estime que la crise de la dette publique en Europe va
rapidement toucher la France.
L'Europe continue de trembler. Après l'Irlande, le Portugal et la
Grèce, c'est au tour de l'Italie, troisième puissance économique de
l'Union européenne, d'être touchée de plein fouet par la crise de sa
dette publique. Dans une interview au Point.fr, Philippe Dessertine,
professeur de finances à l'université Paris X-Nanterre et directeur de
l'Institut de haute finance, qui publie en octobre prochain Seul 'espoir d'un monde nouveau (éditions
Anne Carrière), nous explique comment un des piliers de la zone euro a
pu être si rapidement contaminé et pourquoi la France doit se préparer à
subir le même destin.
Le Point.fr : Comment peut-on expliquer la crise qui touche actuellement l'Italie ?
Philippe Dessertine : Nous assistons à une contamination plus rapide que prévu
des crises grecque et portugaise. On a tort d'omettre que la Grèce est
une pièce non négligeable du puzzle de la zone euro. D'autre part, il ne
faut pas oublier que l'Italie possède déjà un taux d'endettement
conséquent, avec 120 % de son PIB, ainsi qu'un déficit annuel de 4,5 %. À
ce titre, elle est légèrement en avance sur nous.
La France pourrait-elle être également touchée par la crise ?
Nous nous dirigeons vers l'austérité générale en Europe. En ce qui concerne
la France, elle est le prochain pays sur la liste. La question n'est
donc pas de savoir si nous serons touchés, mais plutôt quand. Il faut
savoir que la France possède une dette publique importante, avec 85 % de
son PIB, ainsi qu'un déficit annuel de 7 %. En d'autres termes, la
situation de la France est meilleure qu'en Italie, mais empire beaucoup
plus vite. D'où la simple question : pourrons-nous nous permettre de ne
rien décider avant la fin 2011.
Quelles sont les solutions ?
L'Italie a récemment mis en place un plan rapide d'austérité, qui a
partiellement enrayé la baisse, et apporté certaines garanties aux
investisseurs. Mais il ne faut pas se leurrer. Il ne s'agit en réalité
que d'une rustine qui sert uniquement à stopper l'hémorragie pendant
trois jours. Pour résorber la dette, il faudrait que les membres de
l'Union européenne mettent en place un véritable plan de sauvetage en
accordant des prêts massifs à la Banque centrale européenne ou le Fonds
de stabilité européen. Or, ces deux organes sont déjà chargés de
résorber les lourdes dettes grecque et portugaise, sans compter que
cette échéance demeure trop lointaine par rapport à la vitesse de la
contagion de la crise.
Comment cette austérité se traduira-t-elle dans notre quotidien ?
Pour absorber cent milliards d'euros, le gouvernement français n'aura
d'autre choix que d'augmenter les impôts et la TVA, comme c'est déjà le
cas en Grèce, en Irlande, au Royaume-Uni ou en Espagne. Or, le plus
difficile à accepter pour le contribuable reste que ces prélèvements ne
financeront pas le service public, mais le remboursement de la dette, et
qu'il n'en verra donc pas la couleur. Face à ces sommes énormes, la
mesure actuelle de ne pas remplacer les fonctionnaires à la retraite ne
pèse pas lourd.
L'euro est-il menacé ? L'euro est
clairement menacé si la Banque centrale européenne s'écroule.
lire la suite : http://www.lepoint.fr/economie/la-france-sera-le-prochain-pays-touche-par-la-crise-de-la-dette-13-07-2011-1352517_28.php
Le Point - 13 juillet 2011
Le Point.fr
- Publié le 13/07/2011 à 20:07 - Modifié le 13/07/2011 à 20:31
Dans une interview au Point.fr, l'économiste Philippe
Dessertine estime que la crise de la dette publique en Europe va
rapidement toucher la France.
L'Europe continue de trembler. Après l'Irlande, le Portugal et la
Grèce, c'est au tour de l'Italie, troisième puissance économique de
l'Union européenne, d'être touchée de plein fouet par la crise de sa
dette publique. Dans une interview au Point.fr, Philippe Dessertine,
professeur de finances à l'université Paris X-Nanterre et directeur de
l'Institut de haute finance, qui publie en octobre prochain Seul 'espoir d'un monde nouveau (éditions
Anne Carrière), nous explique comment un des piliers de la zone euro a
pu être si rapidement contaminé et pourquoi la France doit se préparer à
subir le même destin.
Le Point.fr : Comment peut-on expliquer la crise qui touche actuellement l'Italie ?
Philippe Dessertine : Nous assistons à une contamination plus rapide que prévu
des crises grecque et portugaise. On a tort d'omettre que la Grèce est
une pièce non négligeable du puzzle de la zone euro. D'autre part, il ne
faut pas oublier que l'Italie possède déjà un taux d'endettement
conséquent, avec 120 % de son PIB, ainsi qu'un déficit annuel de 4,5 %. À
ce titre, elle est légèrement en avance sur nous.
La France pourrait-elle être également touchée par la crise ?
Nous nous dirigeons vers l'austérité générale en Europe. En ce qui concerne
la France, elle est le prochain pays sur la liste. La question n'est
donc pas de savoir si nous serons touchés, mais plutôt quand. Il faut
savoir que la France possède une dette publique importante, avec 85 % de
son PIB, ainsi qu'un déficit annuel de 7 %. En d'autres termes, la
situation de la France est meilleure qu'en Italie, mais empire beaucoup
plus vite. D'où la simple question : pourrons-nous nous permettre de ne
rien décider avant la fin 2011.
Quelles sont les solutions ?
L'Italie a récemment mis en place un plan rapide d'austérité, qui a
partiellement enrayé la baisse, et apporté certaines garanties aux
investisseurs. Mais il ne faut pas se leurrer. Il ne s'agit en réalité
que d'une rustine qui sert uniquement à stopper l'hémorragie pendant
trois jours. Pour résorber la dette, il faudrait que les membres de
l'Union européenne mettent en place un véritable plan de sauvetage en
accordant des prêts massifs à la Banque centrale européenne ou le Fonds
de stabilité européen. Or, ces deux organes sont déjà chargés de
résorber les lourdes dettes grecque et portugaise, sans compter que
cette échéance demeure trop lointaine par rapport à la vitesse de la
contagion de la crise.
Comment cette austérité se traduira-t-elle dans notre quotidien ?
Pour absorber cent milliards d'euros, le gouvernement français n'aura
d'autre choix que d'augmenter les impôts et la TVA, comme c'est déjà le
cas en Grèce, en Irlande, au Royaume-Uni ou en Espagne. Or, le plus
difficile à accepter pour le contribuable reste que ces prélèvements ne
financeront pas le service public, mais le remboursement de la dette, et
qu'il n'en verra donc pas la couleur. Face à ces sommes énormes, la
mesure actuelle de ne pas remplacer les fonctionnaires à la retraite ne
pèse pas lourd.
L'euro est-il menacé ? L'euro est
clairement menacé si la Banque centrale européenne s'écroule.
lire la suite : http://www.lepoint.fr/economie/la-france-sera-le-prochain-pays-touche-par-la-crise-de-la-dette-13-07-2011-1352517_28.php
Le Point - 13 juillet 2011