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    La crise Alimentaire

    maele
    maele


    Messages : 126
    Date d'inscription : 13/06/2011

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    Message  maele Jeu 23 Juin - 2:20

    #FrenchRevolution Comment Goldman Sachs a provoqué la crise alimentaire

    Publié le 23 juin 2011 par #FrenchRevolution


    Goldman Sachs a créé un indice
    boursier sur les matières premières qui a déstabilisé le système. Et
    après la crise de 2008, les investisseurs se sont tournés vers ce
    secteur, contribuant ainsi à la formation d’une «bulle alimentaire».
    La crise Alimentaire Ble

    L’offre et la demande y sont
    évidemment pour quelque chose, mais la hausse des prix des denrées
    alimentaires constatée à travers le monde a une raison plus profonde: la
    gourmandise de Wall Street.
    Le Goldman Sachs Commodity Index


    Il aura fallu les grands cerveaux de Goldman Sachs pour réaliser une
    chose toute simple: rien n’a plus de valeur que notre pain quotidien. Et
    là où il y a de la valeur, il y a de l’argent à se faire. En 1991, les
    banquiers de Goldman, avec à leur tête le président visionnaire Gary
    Cohn, ont conçu un nouveau produit dérivé financier composé de 24
    matières premières, des métaux précieux à l’énergie, en passant par le
    café, le bétail, le maïs, les porcs, le soja et le blé. Ils ont pondéré
    la valeur d’investissement de chacune d’elles, ont mélangé et transformé
    les parties en montants, puis ont réduit ce qui constituait un ensemble
    compliqué d’éléments tangibles en une simple formule mathématique,
    baptisée dès lors «Goldman Sachs Commodity Index» (indice de matières premières GSCI).
    Pendant près de dix ans, l’indice GSCI a été un produit de placement
    relativement statique, les banques étant davantage intéressées par les
    placements risqués et les obligations structurées que par tout ce qui
    peut être semé ou récolté. Puis, en 1999, la CFTC, organisme indépendant
    chargé de réglementer les marchés à terme aux Etats-Unis, a ouvert les
    marchés à terme aux investisseurs extérieurs. Alors que l’intervention
    sur les marchés agricoles était jusqu’à présent limitée aux opérateurs
    physiques, et ce depuis la crise de 1929, les banques ont pu désormais
    prendre la position qu’elles souhaitaient.
    Des «contrats à terme» pour garantir une stabilité


    Ces changements ont alors touché les grandes bourses de Chicago,
    Minneapolis et Kansas City, qui avaient contribué, pendant 150 ans, à la
    stabilité relative du prix des denrées alimentaires au niveau
    international. Le secteur agricole peut paraître bucolique, mais il est
    volatil par nature et soumis aux vicissitudes de la météo, des maladies
    et des catastrophes. Créé après la Guerre de Sécession par les
    fondateurs d’Archer Daniels Midland, de General Mills et de Pillsbury,
    le système de trading des contrats à terme de céréales a contribué à
    faire des Etats-Unis un poids lourd de la finance, capable de rivaliser
    avec l’Europe, voire de la surpasser. Les marchés agricoles ont
    également protégé les agriculteurs et les meuniers américains contre les
    risques inhérents à leur profession.
    L’idée de base était le «contrat à terme»,un accord entre vendeur et
    acheteur de blé sur un prix du boisseau raisonnable (et ce avant même
    qu’il n’ait poussé). Ces contrats à terme ont non seulement permis de
    garantir le prix stable du pain à la boulangerie (ou plus tard au
    supermarché), mais ils ont également aidé les agriculteurs à se prémunir
    contre les périodes de vaches maigres et à investir dans leurs fermes
    et leurs affaires. Résultat: au cours du XXème siècle, le prix réel du
    blé a baissé (malgré une ou deux hausses, notamment lors de la spirale
    inflationniste des années 1970), ce qui a stimulé le développement du
    secteur américain de l’agrobusiness. Après la 2nde Guerre mondiale, les
    Etats-Unis ont systématiquement enregistré des excédents agricoles, ce
    qui a constitué un élément fondamental de leur stratégie politique,
    économique et humanitaire durant la Guerre Froide (sans compter que les
    céréales américaines ont nourri des millions de personnes affamées dans
    le monde).
    Les acteurs vs les spéculateurs


    Les marchés à terme comprenaient au départ deux types d’acteurs: les
    fermiers, les meuniers et les grossistes, les acteurs du marché qui sont
    véritablement intéressés par les fondamentaux du marché agricole. Il ne
    s’agit pas seulement des producteurs de maïs de l’Iowa ou des
    producteurs de blé du Nebraska, mais de grandes multinationales comme
    Pizza Hut, Kraft, Nestlé, Sara Lee, Tyson Foods et McDonald’s, dont les
    actions à la bourse de New York varient selon leur capacité à
    approvisionner les gens en voiture, à leur domicile et dans les
    supermarchés à des prix compétitifs. Ces acteurs du marché sont appelés
    bona fide hedgers, car ils ont réellement besoin d’acheter et de vendre
    des céréales.
    A l’opposé se trouve le spéculateur. Le spéculateur ne produit et ne
    consomme pas de maïs, de soja ou de blé; il ne saurait pas où stocker
    les 20 tonnes de céréales qu’il est susceptible d’acheter à tout moment
    si jamais elles lui étaient livrées. Les spéculateurs ont recours à une
    méthode classique, celle qui consiste à acheter à bas prix dans l’espoir
    de revendre plus cher. Les opérateurs physiques ont vu d’un bon œil
    l’arrivée des spéculateurs traditionnels sur leur marché; leurs ordres
    de vente et d’achat permanents donnent sa liquidité au marché et
    permettent aux bona fide hedgers de gérer les risques en vendant et en
    achetant quand ils le souhaitent.
    Goldman Sachs à l’origine du boulversement


    Mais l’indice de Goldman Sachs a déstabilisé ce système. La structure
    de l’indice GSCI a occulté la pratique vieille de plusieurs siècles
    consistant à acheter et vendre dans le même temps. Ce nouveau produit
    dérivé est long-only, ce qui signifie qu’il a été conçu uniquement pour
    acheter des matières premières. Cette stratégie long-only est motivée
    par l’intention de transformer un investissement sur les matières
    premières (jusqu’alors réservé aux spécialistes) en ce qui ressemble
    fortement à un placement dans un actif (une catégorie d’actifs dans
    laquelle n’importe qui peut placer son argent et le laisser fructifier
    pendant des dizaines d’années, sur le modèle de General Electric ou
    d’Apple). Quand le marché des matières premières commence à ressembler
    davantage à un marché financier, les banques peuvent espérer de nouveaux
    afflux de liquidités. Mais cette stratégie long-only comporte une
    faille: l’indice GSCI ne comprend pas de mécanisme pour vendre une
    matière première (vente à découvert ou position courte).
    Ce déséquilibre a eu des répercussions sur la nature même du marché
    des matières premières, les banques se retrouvant contraintes d’acheter
    encore et encore (et ce, peu importe à quel prix). Quand l’échéance des
    contrats à terme sur les indices de matières premières approchait, les
    investisseurs long-only devaient reconduire leurs positions d’achat de
    plusieurs milliards de dollars dans le cadre des prochains contrats à
    terme, deux ou trois mois plus tard. Et l’effet à la baisse sur les prix
    des positions courtes n’étant pas pris en compte dans l’indice GSCI,
    les traders professionnels pouvaient faire d’énormes bénéfices en
    anticipant les fluctuations du marché que ces «roulements» finiraient
    par causer. «Je gagne ma vie avec de l’argent stupide», a
    déclaré Emil Van Essen, trader sur les matières premières, à
    Businessweek l’année dernière. Employés par les banques qui avaient
    justement crée les fonds indiciels sur matières premières, les traders
    sur matières premières ont surfé sur la vague du profit.
    Les banques sachant reconnaître un système lucratif, des dizaines de
    spéculateurs n’intervenant jamais sur le marché physique (non-physical
    hedgers) ont rapidement suivi l’exemple de Goldman Sachs et son indice
    de matières premières, notamment Barclays, Deutsche Bank, Pimco, JP
    Morgan Chase, AIG, Bear Stearns et Lehman Brothers, pour n’en citer que
    quelques-uns. Les conditions étaient propices à une inflation des prix
    alimentaires, qui, au final, a pris de court certaines des plus grandes
    entreprises américaines dans l’industrie meunière, l’industrie
    agroalimentaire et le secteur de la grande distribution, et a créé une
    onde de choc dans le monde entier.
    Face à la crise de 2008, les investisseurs se sont tournés vers les matières premières


    L’histoire se raconte avec des chiffres. Depuis l’éclatement de la
    bulle Internet en 2000, la quantité de dollars investis dans les fonds
    indiciels sur matières premières a été multipliée par 50. Concrètement,
    en 2003, le marché à terme des matières premières ronronnait encore à 13
    milliards de dollars (8,98 milliards d’euros). Mais début 2008, quand
    les investisseurs ont commencé à s’affoler à cause de la crise
    financière mondiale et à perdre confiance dans le dollar, la livre
    sterling et l’euro, ils ont vu dans les matières premières (et notamment
    les denrées alimentaires) le dernier endroit sûr pour placer l’argent
    de leurs fonds spéculatifs, fonds de pension et fonds souverains. «Des gens qui n’avaient aucune idée de ce qu’était une matière première se sont soudain mis à en acheter»,raconte
    un analyste du ministère américain de l’Agriculture. Au cours des 55
    premiers jours de 2008, les spéculateurs ont investi 55 milliards de
    dollars dans les marchés de matières premières et en juillet, c’est 318
    milliards de dollars (219 milliards de dollars) qui ébranlaient les
    marchés. Depuis, l’inflation des prix agricoles s’est stabilisée.
    L’argent circulait et les banques avaient sous la main tout un
    ensemble de nouveaux produits dérivés pour les marchés de denrées
    alimentaires. Régis par les prix du pétrole et du gaz (les principales
    matières premières des fonds indiciels), ces nouveaux produits de
    placement ont mis le feu aux marchés de toutes les autres matières
    premières indexées, donnant lieu à une bulle alimentaire qui rappelle
    l’histoire de la tulipe, de l’Internet et de l’immobilier bon marché. Le
    prix du blé dur roux de printemps, généralement compris entre 4 et 6
    dollars (entre 2,70 et 4 euros) le boisseau de 60 livres (environ 27
    kgs), a battu tous les records et le contrat à terme sur le blé a
    atteint jusqu’à 25 dollars. Ainsi, le prix des denrées alimentaires dans
    le monde a enregistré une hausse de 80 pourcent entre 2005 et 2008 et
    ne cesse d’augmenter depuis. «La hauteur des investissements dans les marchés de matières premières a été sans précédent»,
    souligne Kendell Keith, président de la National Grain and Feed
    Association (Association nationale des céréales et des aliments). «Il ne fait aucun doute qu’il y a eu spéculation». Dans une récente noted’information, le rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter, a indiqué qu’en 2008, «une part significative de la hausse des prix s’explique par l’émergence d’une bulle spéculative».
    Un effet «boule de neige»


    Ce qui s’est produit sur les marchés agricoles n’est pas le résultat
    de la «spéculation»traditionnelle, qui consiste à acheter à bas prix
    dans l’espoir de revendre plus cher. Aujourd’hui, avec l’indice
    cumulatif, l’indice Standard & Poors GSCI donne 219 index tickers
    pour que les investisseurs, par le biais de leur système informatique
    Bloomberg, puissent miser sur n’importe quel produit, du palladium à
    l’huile de soja, en passant par les biocarburants et le bétail. Mais
    l’explosion de ces nouvelles opportunités de spéculation sur les marchés
    mondiaux agricole, alimentaire et de bétail crée un cercle vicieux.
    Plus le prix des denrées alimentaires augmente, plus l’argent abonde
    dans le secteur et plus les prix augmentent. Ainsi, entre 2003 et 2008,
    la spéculation sur les fonds indiciels a augmenté de 1900 pour cent. «Nous
    assistons à un choc de la demande due à l’entrée d’une nouvelle
    catégorie d’acteurs sur les marchés à terme de matières premières»
    , a déclaréle gestionnaire de fonds d’investissement Michael Masters devant le Congrès américain, pendant la crise alimentaire de 2008.
    Les banques et les traders sont les «carnivores» du système


    L’intervention de Wall Street sur les marchés agricole, alimentaire
    et de bétail a donc été un choc pour le système mondial
    d’approvisionnement et de production alimentaires. Les réserves
    mondiales sont non seulement touchées par un approvisionnement restreint
    et une demande accrue de céréales, mais les banques d’investissement
    ont entraîné une hausse artificielle du prix des marchés à terme de
    céréales. Le blé fictif détermine désormais le prix du vrai blé, les
    spéculateurs (qui représentaient jusqu’à présent un cinquième du marché)
    étant plus nombreux que les bona-fide hedgers (de l’ordre de quatre
    pour un).
    Aujourd’hui, les banques et les traders dominent la chaîne
    alimentaire; ils sont les carnivores du système et dévorent tout sur
    leur passage. Presque tout en bas, le fermier s’efforce de survivre.
    Pour ce dernier, la hausse du prix des céréales aurait du être une
    aubaine, mais la spéculation a également entraîné la hausse du prix de
    tout ce qu’il doit acheter pour cultiver ses céréales (des graines aux
    engrais, en passant par le carburant diesel). Tout en bas de la chaîne
    se trouve le consommateur. L’Américain moyen, qui consacre entre 8 et 12
    pourcent de son budget hebdomadaire à l’alimentation, n’a pas été
    touché tout de suite par la hausse des prix. Mais pour les près de 2
    milliards de personnes dans le monde qui dépensent plus de 50 pourcent
    de leurs revenus pour s’alimenter, les effets ont été dévastateurs: le
    nombre de personnes affamées a augmenté de 250 millions en 2008, portant
    le nombre total de personnes souffrant d’insécurité alimentaire dans le
    monde à un milliard (un chiffre sans précédent).
    Y a-t-il une solution?


    Que faudrait-il faire? Lors de ma dernière visite à la Bourse de
    Minneapolis, j’ai demandé à des traders ce qui se passerait si le
    gouvernement fédéral interdisait aux banques d’investissement de miser
    sur les marchés agricoles. Ils ont éclaté de rire. Un coup de fil à un
    bona-fide hedger comme Cargill ou Archer Daniels Midland et un échange
    d’actifs plus tard et il devient impossible de distinguer sur le marché à
    terme la position d’une banque de celle d’un acheteur international de
    blé. Je leur ai alors demandé: «Et si le gouvernement interdisait les produits dérivés long-only?».
    Ils se sont de nouveau esclaffés. Il leur suffit cette fois de donner
    leurs ordres à la bourse de Londres ou de Hong Kong. Les nouveaux
    produits dérivés ont atteint des proportions supranationales et sont
    hors de portée de la législation des Etats souverains.
    La volatilité des prix des denrées alimentaires a également gâché une
    occasion en or d’instaurer une coopération au niveau international.
    Plus le prix du maïs, du soja, du riz et du blé est élevé, plus les pays
    producteurs de céréales dans le monde doivent coopérer afin d’éviter
    que les pays importateurs de céréales (généralement pauvres) paniquent
    et que la flambée des prix agricoles et l’instabilité politique se
    propagent davantage. Au lieu de cela, les pays ont réagi avec nervosité
    et adopté des mesures de repli, des interdictions d’exporter à la mise
    en réserve des céréales, en passant par des confiscations de terre en
    Afrique pour des raisons néo-mercantiles. Et les efforts d’activistes et
    d’organismes internationaux soucieux de freiner cette spéculation n’ont
    rien donné. Pendant ce temps, les fonds indiciels continuent de
    prospérer, les banques encaissent les bénéfices et les pauvres dans le
    monde sont au bord de la famine.
    Frederick Kaufman
    http://www.slate.fr/story/39483/goldman-sachs-provoque-crise-alimentaire

    Traduit par Charlotte Laigle

    http://www.french-revolution.fr/2011/06/frenchrevolution-comment-goldman-sachs-a-provoque-la-crise-alimentaire/?utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter

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