Mouvement des Indignés
Le mouvement des Indignés ou Mouvement 15-M est une série de manifestations pacifiques spontanées menées en Espagne à partir du 15 mai 2011, totalisant jusqu'à plusieurs dizaines de milliers de personnes, nées sur les réseaux sociaux et initiées par le mouvement et le site ¡Democracia Real Ya! (Une vraie démocratie, maintenant), qui a obtenu l'appui de plus de 200 petites associations1. Ce mouvement inédit par son ampleur et ses revendications se poursuit encore actuellement.
Description
Le mouvement a commencé le 15 mai 2011
par un appel dans 58 villes espagnoles. Il s'agit de manifestations
pacifiques qui revendiquent un changement dans la politique espagnole.
Les manifestants considèrent que les partis politiques ne les
représentent pas et ne prennent aucune mesure en leur faveur. Ces
manifestations se produisent à l'approche des élections municipales, fixées au 22 mai 2011. Selon la presse, elles sont en relation avec la crise économique, le livre Indignez-vous !, de Stéphane Hessel2, et l'exemple des révolutions arabes de 20113 (par l'intermédiaire du mouvement du 12 mars au Portugal4) et des mouvements grecs et islandais de 20085. Le mouvement est aussi souvent comparé à Mai 68
malgré les propositions concrètes avancées par "los indignados". Les
manifestations se produisent à un moment où la jeunesse est plus
diplômée que jamais et que, selon l'agence Metroscopia, 89 % des Espagnols croient que les partis politiques ne pensent qu'à eux-mêmes6. Dans un premier temps, les manifestants campent sur les places principales des villes jusqu'aux élections du 22 mai 20117.
Beaucoup de manifestants sont jeunes, ces derniers étant doublement
touchés par le chômage(44% contre 20% dans la population générale) mais
on peut voir aussi des travailleurs, des cadres, des personnes âgées et
même pas mal de familles8. Tous ont rappelé la nature pacifique des manifestations8. Les indignés en général, comme les appelle la presse, et ¡Democracia Real Ya!
en particulier se sont désolidarisés publiquement des divers incidents
qui se sont produits pendant les manifestations a Grenade9.
Le 17 mai 2011, la page web de ¡Democracia Real Ya!, à l'initiative des manifestations du 15 mai 2011,
dénombrait l'appui de 500 associations très diverses, mais continuait
de refuser la collaboration des partis politiques et des syndicats,
défendant l'indépendance des manifestations à l'égard de toute
idéologie politique institutionnalisée. Parmi les soutiens à leur cause
figurent, entre autres, les collectifs ATTAC, Anonymous, NoLesVotes et Juventud sin Futuro
(« Jeunesse sans avenir »). Les deux derniers groupes avaient déjà
organisé antérieurement quelques manifestations moins fréquentées 5
.
Spécificités du mouvement
Ce mouvement se caractérise par certaines spécifités inédites ou assez rares.
Revendications
Bien que les manifestants forment un groupe assez hétérogène, ils ont
en commun le ras-le-bol de la classe politique, la volonté d'en finir
avec le bipartisme politique entre les deux principaux partis, Parti populaire (PP) et parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), et avec la corruption10
Les sensibilités des manifestants varient beaucoup, on retrouve
certaines personnes qui réclament seulement un peu plus de compréhension
de la part de la classe politique, d'autres veulent une réforme de la
loi électorale, d'autres encore désirent une révolution citoyenne qui
déboucherait sur la création d'une véritable démocratie.
Le mouvement s'accompagne notamment d'une réflexion critique quand
aux systèmes politiques qui nous entourent. Ainsi des mots comme oligarchie, démocratie représentative, démocratie directe, mandat impératif ou encore aristocratie
sont remis au goût du jour. Des questions se posent quand aux
revendications du mouvement: doivent-elles porter seulement sur les
systèmes politiques, en proposant de réelles démocraties, ou
doivent-elles comprendre des propositions sociales et économiques? Le
débat est notamment important sur le forum du mouvement français 11et
en Espagne des critiques fusent quand à l'éparpillement des
revendications. "Des demandes unitaires de «démocratie réelle», on
serait passé à une collection de chapelles. Ici les féministes, là les
animalistes, plus loin les Sahraouis…"12
En Espagne les revendications sont débattues dans les assemblées
générales sous proposition de comités. Ainsi un manifeste de
propositions a été produit par le campement madrilène13:
Il y est notamment question du respect des droits de base, à savoir :
le logement, le travail, la culture, la santé, l'éducation, la
participation politique, la liberté de développement personnel et le
droit à des produits de première nécessité. Il faut distinguer les
appels et les déclarations de la plate-forme "democracia real ya!" du
mouvement, si le mouvement a été développé grâce à la plate-forme, elle
n'est plus le coeur du mouvement et elle ne peut pas imposer ses
décisions aux indignés et aux campements. La plate-forme a aussi un manifeste14.
Désirs des manifestants
On peut faire une liste des désirs qui rassemblent ou séparent les indignés, ces volontés peuvent être partagées ou non:
Historique
La plate-forme Democracia Real Ya! est une association citoyenne
appuyée par des centaines d'associations espagnoles. Elle lance un appel
à la mobilisation pour réclamer une véritable démocratie le 15 mai.
15 mai
Quelques incidents violents ont eu lieu à Madrid, sans aucun rapport
avec les manifestations selon les protestataires. Certains manifestants anticapitalistes et anti-globalisation
ont tenté de paralyser la circulation dans la Grand Rue, mais les
policiers anti-émeutes les en ont empêché en chargeant violemment la
foule des jeunes pour les disperser15.
La marche de Madrid de ce jour a réuni, selon la police nationale,
quelque 20 000 manifestants. Selon la plateforme de coordination des
groupes pour la mobilisation citoyenne, cette marche fut suivie par
50 000 personnes. La mobilisation a dépassé toutes les prévisions, et
compte tenu de son relais important sur les réseaux sociaux, chaque
expulsion et bavure policière donne lieu à des manifestations de
soutient dans les villes d'Espagne.
16 mai
La nuit du dimanche 15 mai, un campement s'établit à la Puerta del Sol,
dispersé par la police à l'aube du 16 mai. Dans plusieurs quartiers de
Madrid eurent lieu quelques affrontements très éloignés de l'esprit
pacifiste de la manifestation et désapprouvés par la majorité des
participants. Les protestataires violents détruisirent du mobilier
urbain, bloquèrent la circulation de la Gran Vía et s'affrontèrent à la police. Ces incidents donnèrent lieu à 24 arrestations16, 18 procès verbaux, et quelques blessés légers, ce qui entraîna, à son tour, une grande manifestation pour leur libération17,18. Finalement, ils furent libérés mais néanmoins inculpés.
17 mai
De grands groupes de manifestants ont défilé à nouveau dans plusieurs villes, en écho à la concentration de la Puerta del Sol à Madrid. Cette fois, les manifestations ne furent pas appelées par ¡Democracia Real Ya!18. Dans certaines villes, la police autorisa le campement des manifestants, comme à Coruña, où affluèrent plus de 1 000 personnes le dimanche 15 mai17.
A Madrid, près de 200 manifestants se sont réunis en assemblée et ont
décidé de s'organiser pour passer la nuit sur la Plaza del Sol., créant
des commissions « nettoyage », « communication », « extension »,
« matériel » et « législation » ; auparavant, ils avaient reçu l'appui
de petits commerces pour l'approvisionnement en nourriture19. La manifestation depuis son début par les polices nationale et municipale18. Les manifestations et campements nocturnes du 17 mai ont eu lieu dans 30 villes20.
Les manifestations ont gagné le soutien de citoyens du Royaume Uni qui
ont organisé un sit-in en face de l'ambassade d'Espagne du 18 au 22 mai20.
A Grenade, la police nationale a délogé les manifestants qui campaient sur la Plaza del Carmen21.
18 mai
A Madrid, les manifestants montent une grande tente sous laquelle ils
dispersent des cartons avec l'intention de passer la nuit du 17 au 18
sans que la police les en empêche8. Selon une reporter de El País, beaucoup arboraient des œillets ; c'est de cette façon que se déroule la Révolution des Œillets
au Portugal. Ils mettent également en place un poste de ravitaillement
avec les aliments donnés par les commerçants et une webcam pour diffuser
depuis la Plaza del Sol sur le site Ustream. Les manifestants
reçoivent la consigne de ne pas boire d'alcool ni de se regrouper à plus
de 20 personnes, actes qui pourraient rendre licite une charge
policière.
La police ordonne l'évacuation à Valence, Tenerife et Las Palmas. 2 personnes sont arrêtées dans l'évacuation de Grenade. Des appels à manifester sont maintenus pour l'après-midi. Les manifestations gagnent León et d'autres capitales régionales ou villes. Des groupes se créent sur les réseaux sociaux pour chaque campement. Google Documents
et d'autres serveurs reçoivent de nombreuses demandes de téléchargement
de documents pour légaliser de nouveaux appels à manifester.
22 mai
Après un week-end ou les manifestations ont été très suivies en
Espagne, les résultats des élections tombent. Le parti socialiste de
Zapatero, parti au pouvoir, perd un million de voix, et le parti
conservateur en gagne 400 000. On ne peut donc que guère tirer de
conclusions quand au rôle du mouvement sur les élections.
12 juin
Le démantèlement du camp de Madrid, l'acampadaSol, a été décidé en
assemblée et fixé au 12 juin. Les campements et les occupations des
places n'étaient que des moyens de protestations et en aucun des fins du
mouvement. La mobilisation continue par différente méthodes, ainsi de
gros appels mondiaux sont lancés, et en Espagne les assemblées sont
décentralisées. Ainsi à Madrid plus de 120 assemblées de quartier
donnent la parole aux citoyens et créent la démocratie réelle.
19 juin
Le 19 juin est une journée de mobilisation internationale par l'appel
de différentes organisations et des différentes assemblées populaires.
Les rassemblements vont réclamer de réelles démocraties mais aussi
critiquer le "pacte de l'euro" qui, selon les "indignés", va rendre
encore moins démocratiques nos régimes politiques.
15 octobre
Le collectif "Democracia real ya!" appelle à une mobilisation
mondiale le 15 octobre pour entamer une révolution démocratique
générale.22
Réponse politique
La manifestation provoque des réactions dans les partis politiques qui s'expriment sur le sujet le 16 mai. Jaime Mayor Oreja, membre du PP et du Parlement Européen, critique l'intention des manifestants de renoncer à l'exercice de leur droit de vote, rejoint en cela par José Blanco, du PSOE23. Izquierda Unida approuve certaines des plaintes des manifestants mais admet ne pas avoir su les prendre en compte. Son coordinateur, Cayo Lara, défend le droit des jeunes à refuser d'être une « génération perdue » et critique l'évacuation de la Plaza del Sol le 16 mai24.
En France Jean Luc Mélenchon
encourage le mouvement, et, dans une posture étrange, déclare que le
Front de Gauche est la solution que les "indignés" recherchent, alors
que ces derniers critiquent justement les partis politiques et se
prémunisent contre la récupération.
Exportation
Le mouvement du 15 mai s'est développé à l'étranger. En effet la
communauté espagnole émigrée a organisé des manifestations et des
campements de soutient dans des centaines de villes de part le monde.
Des mouvement similaires, réclamant de réelles démocraties, sont donc
apparu dans le monde entier. Les mouvements sont importants au Portugal,
en France, en Allemagne, en Italie et en Angleterre,et ce malgré le
silence extrême qui règne dans l'espace médiatique à propos de ces
mouvements citoyens. Les mobilisations, en mai 2011 sont évidemment bien
moindres en dehors de l'Espagne. Il s'agit le plus souvent de
manifestations quotidiennes rassemblant entre 30 et 300 personnes. Des
camps sont montés dans plus d'une centaine de ville à travers le monde,
mais ils se heurtent souvent à la police et aux institutions.
Exportation en France
En France les premières manifestations de soutient aux espagnols
voient le jour le jeudi 19 mai et prennent de l'ampleur dans le
week-end. On compte ainsi plus d'une cinquantaine de villes ou des
manifestations et des rassemblements d'"indignés" ont eu lieu en France.
Des campements ont vu le jour dans plus d'une dizaine de ville, pour
des durées aléatoires(Paris, Lyon, Toulouse, Poitiers, Bayonne,
Avignon). La plupart du temps il n'y a pas de campements en raison de
l'opposition de la police et des institutions et en raison de la
faiblesse de la mobilisation. Le plus grand rassemblement d'indignés
français à ce jour a été le 29 mai sur la place de la Bastille ou entre
2000 et 5000 personnes se sont réunies. Elles ont été expulsées le
soir-même, ce qui a fait grand-bruit outre-Pyrénées.
Exportation en Grèce
Le mouvement a véritablement débuté en Grèce le 25 mai. Suite à la
diffusion massive d'une pancarte espagnole critiquant les grecs qui ne
se révoltent pas face aux injustices qui les touchent, une multitude de
grecs, dans une situation difficile compte tenu du contexte économique
et financier de leur état, a répondu aux espagnols par des
manifestations massives. Ainsi à partir du 25 mai des campements voient
le jour dans les principales villes grecques, et le 5 juin 2011, journée
de mobilisation record en Grèce, on compte plus d'un million de
manifestant dans tout le pays. En Grèce c'est la place place Syntagma
qui est le symbole de la contestation des indignés. Les estimations
donnent entre 100 000 et 500 000 personnes rassemblées en ce lieu dans
la journée du 5 juin 2011. Le mouvement en Grèce a pris une telle
importance que les centrales syndicales ne sont plus mobilisatrices pour
contrer le gouvernement. Ainsi le 15 juin un appel à lagrève générale
est lancé par l'ADEDY, principale base syndicale du secteur public,
afin de rejoindre les "indignés" devant le parlement. A cette occasion
les "indignés" de l'assemblée de la place Syntagma ont annoncé leur
volonté d'empêcher les parlementaires de débattre des nouvelles mesures
d'austérités proposées par le gouvernement socialiste.25
Les médias
Les médias sont très critiqués dans leur travail pour rendre compte
du mouvement. Ainsi en Espagne on dénonce la désinformation quand aux
revendications, notamment celle menée de la part de la chaîne Intereconomía Televisión.
En France les médias sont critiqués pour leur silence face aux
mobilisations espagnoles et grecques et pour leur traitement de
l'information quand ils daignent informer leurs lecteurs du mouvement. 26
Liens connexes
Notes et références
Sources : Wikipedia : Mouvement_des_Indignes au 17 juin 2011
Le mouvement des Indignés ou Mouvement 15-M est une série de manifestations pacifiques spontanées menées en Espagne à partir du 15 mai 2011, totalisant jusqu'à plusieurs dizaines de milliers de personnes, nées sur les réseaux sociaux et initiées par le mouvement et le site ¡Democracia Real Ya! (Une vraie démocratie, maintenant), qui a obtenu l'appui de plus de 200 petites associations1. Ce mouvement inédit par son ampleur et ses revendications se poursuit encore actuellement.
Description
Le mouvement a commencé le 15 mai 2011
par un appel dans 58 villes espagnoles. Il s'agit de manifestations
pacifiques qui revendiquent un changement dans la politique espagnole.
Les manifestants considèrent que les partis politiques ne les
représentent pas et ne prennent aucune mesure en leur faveur. Ces
manifestations se produisent à l'approche des élections municipales, fixées au 22 mai 2011. Selon la presse, elles sont en relation avec la crise économique, le livre Indignez-vous !, de Stéphane Hessel2, et l'exemple des révolutions arabes de 20113 (par l'intermédiaire du mouvement du 12 mars au Portugal4) et des mouvements grecs et islandais de 20085. Le mouvement est aussi souvent comparé à Mai 68
malgré les propositions concrètes avancées par "los indignados". Les
manifestations se produisent à un moment où la jeunesse est plus
diplômée que jamais et que, selon l'agence Metroscopia, 89 % des Espagnols croient que les partis politiques ne pensent qu'à eux-mêmes6. Dans un premier temps, les manifestants campent sur les places principales des villes jusqu'aux élections du 22 mai 20117.
Beaucoup de manifestants sont jeunes, ces derniers étant doublement
touchés par le chômage(44% contre 20% dans la population générale) mais
on peut voir aussi des travailleurs, des cadres, des personnes âgées et
même pas mal de familles8. Tous ont rappelé la nature pacifique des manifestations8. Les indignés en général, comme les appelle la presse, et ¡Democracia Real Ya!
en particulier se sont désolidarisés publiquement des divers incidents
qui se sont produits pendant les manifestations a Grenade9.
Le 17 mai 2011, la page web de ¡Democracia Real Ya!, à l'initiative des manifestations du 15 mai 2011,
dénombrait l'appui de 500 associations très diverses, mais continuait
de refuser la collaboration des partis politiques et des syndicats,
défendant l'indépendance des manifestations à l'égard de toute
idéologie politique institutionnalisée. Parmi les soutiens à leur cause
figurent, entre autres, les collectifs ATTAC, Anonymous, NoLesVotes et Juventud sin Futuro
(« Jeunesse sans avenir »). Les deux derniers groupes avaient déjà
organisé antérieurement quelques manifestations moins fréquentées 5
.
Spécificités du mouvement
Ce mouvement se caractérise par certaines spécifités inédites ou assez rares.
- Le mouvement est apartisan et est citoyen, il n'est pas lié à un parti politique ou à une organisation syndicale.
- Le mouvement, selon les propositions qu'il amène, ne peut pas se
situer sur l'échiquier politique. Il s'agit donc d'un mouvement voué à
rassembler des citoyens de différentes sensibilités. - C'est la première fois qu'un mouvement d'une telle ampleur dénonce les systèmes politiques que les médias nomment "démocraties".
- C'est un mouvement qui a connu une exportation rapide et de grande ampleur malgré le silence des médias.
- Il est le mouvement social le plus important en Espagne depuis la chute du franquisme.
- L'organisation complexe et efficace malgré la spontanéité du mouvement.
Revendications
Bien que les manifestants forment un groupe assez hétérogène, ils ont
en commun le ras-le-bol de la classe politique, la volonté d'en finir
avec le bipartisme politique entre les deux principaux partis, Parti populaire (PP) et parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), et avec la corruption10
Les sensibilités des manifestants varient beaucoup, on retrouve
certaines personnes qui réclament seulement un peu plus de compréhension
de la part de la classe politique, d'autres veulent une réforme de la
loi électorale, d'autres encore désirent une révolution citoyenne qui
déboucherait sur la création d'une véritable démocratie.
Le mouvement s'accompagne notamment d'une réflexion critique quand
aux systèmes politiques qui nous entourent. Ainsi des mots comme oligarchie, démocratie représentative, démocratie directe, mandat impératif ou encore aristocratie
sont remis au goût du jour. Des questions se posent quand aux
revendications du mouvement: doivent-elles porter seulement sur les
systèmes politiques, en proposant de réelles démocraties, ou
doivent-elles comprendre des propositions sociales et économiques? Le
débat est notamment important sur le forum du mouvement français 11et
en Espagne des critiques fusent quand à l'éparpillement des
revendications. "Des demandes unitaires de «démocratie réelle», on
serait passé à une collection de chapelles. Ici les féministes, là les
animalistes, plus loin les Sahraouis…"12
En Espagne les revendications sont débattues dans les assemblées
générales sous proposition de comités. Ainsi un manifeste de
propositions a été produit par le campement madrilène13:
Il y est notamment question du respect des droits de base, à savoir :
le logement, le travail, la culture, la santé, l'éducation, la
participation politique, la liberté de développement personnel et le
droit à des produits de première nécessité. Il faut distinguer les
appels et les déclarations de la plate-forme "democracia real ya!" du
mouvement, si le mouvement a été développé grâce à la plate-forme, elle
n'est plus le coeur du mouvement et elle ne peut pas imposer ses
décisions aux indignés et aux campements. La plate-forme a aussi un manifeste14.
Désirs des manifestants
On peut faire une liste des désirs qui rassemblent ou séparent les indignés, ces volontés peuvent être partagées ou non:
- Lutter contre l'austérité
- Lutter contre la corruption
- Réformer nos systèmes politiques
- Se rassembler
- Donner une place médiatique aux citoyens
- Faire une révolution citoyenne
- Entamer une ère post-démoctratique
- Entamer une prise de conscience sur la nature oligarchique de nos systèmes politiques
Historique
La plate-forme Democracia Real Ya! est une association citoyenne
appuyée par des centaines d'associations espagnoles. Elle lance un appel
à la mobilisation pour réclamer une véritable démocratie le 15 mai.
15 mai
Quelques incidents violents ont eu lieu à Madrid, sans aucun rapport
avec les manifestations selon les protestataires. Certains manifestants anticapitalistes et anti-globalisation
ont tenté de paralyser la circulation dans la Grand Rue, mais les
policiers anti-émeutes les en ont empêché en chargeant violemment la
foule des jeunes pour les disperser15.
La marche de Madrid de ce jour a réuni, selon la police nationale,
quelque 20 000 manifestants. Selon la plateforme de coordination des
groupes pour la mobilisation citoyenne, cette marche fut suivie par
50 000 personnes. La mobilisation a dépassé toutes les prévisions, et
compte tenu de son relais important sur les réseaux sociaux, chaque
expulsion et bavure policière donne lieu à des manifestations de
soutient dans les villes d'Espagne.
16 mai
La nuit du dimanche 15 mai, un campement s'établit à la Puerta del Sol,
dispersé par la police à l'aube du 16 mai. Dans plusieurs quartiers de
Madrid eurent lieu quelques affrontements très éloignés de l'esprit
pacifiste de la manifestation et désapprouvés par la majorité des
participants. Les protestataires violents détruisirent du mobilier
urbain, bloquèrent la circulation de la Gran Vía et s'affrontèrent à la police. Ces incidents donnèrent lieu à 24 arrestations16, 18 procès verbaux, et quelques blessés légers, ce qui entraîna, à son tour, une grande manifestation pour leur libération17,18. Finalement, ils furent libérés mais néanmoins inculpés.
17 mai
De grands groupes de manifestants ont défilé à nouveau dans plusieurs villes, en écho à la concentration de la Puerta del Sol à Madrid. Cette fois, les manifestations ne furent pas appelées par ¡Democracia Real Ya!18. Dans certaines villes, la police autorisa le campement des manifestants, comme à Coruña, où affluèrent plus de 1 000 personnes le dimanche 15 mai17.
A Madrid, près de 200 manifestants se sont réunis en assemblée et ont
décidé de s'organiser pour passer la nuit sur la Plaza del Sol., créant
des commissions « nettoyage », « communication », « extension »,
« matériel » et « législation » ; auparavant, ils avaient reçu l'appui
de petits commerces pour l'approvisionnement en nourriture19. La manifestation depuis son début par les polices nationale et municipale18. Les manifestations et campements nocturnes du 17 mai ont eu lieu dans 30 villes20.
Les manifestations ont gagné le soutien de citoyens du Royaume Uni qui
ont organisé un sit-in en face de l'ambassade d'Espagne du 18 au 22 mai20.
A Grenade, la police nationale a délogé les manifestants qui campaient sur la Plaza del Carmen21.
18 mai
A Madrid, les manifestants montent une grande tente sous laquelle ils
dispersent des cartons avec l'intention de passer la nuit du 17 au 18
sans que la police les en empêche8. Selon une reporter de El País, beaucoup arboraient des œillets ; c'est de cette façon que se déroule la Révolution des Œillets
au Portugal. Ils mettent également en place un poste de ravitaillement
avec les aliments donnés par les commerçants et une webcam pour diffuser
depuis la Plaza del Sol sur le site Ustream. Les manifestants
reçoivent la consigne de ne pas boire d'alcool ni de se regrouper à plus
de 20 personnes, actes qui pourraient rendre licite une charge
policière.
La police ordonne l'évacuation à Valence, Tenerife et Las Palmas. 2 personnes sont arrêtées dans l'évacuation de Grenade. Des appels à manifester sont maintenus pour l'après-midi. Les manifestations gagnent León et d'autres capitales régionales ou villes. Des groupes se créent sur les réseaux sociaux pour chaque campement. Google Documents
et d'autres serveurs reçoivent de nombreuses demandes de téléchargement
de documents pour légaliser de nouveaux appels à manifester.
22 mai
Après un week-end ou les manifestations ont été très suivies en
Espagne, les résultats des élections tombent. Le parti socialiste de
Zapatero, parti au pouvoir, perd un million de voix, et le parti
conservateur en gagne 400 000. On ne peut donc que guère tirer de
conclusions quand au rôle du mouvement sur les élections.
12 juin
Le démantèlement du camp de Madrid, l'acampadaSol, a été décidé en
assemblée et fixé au 12 juin. Les campements et les occupations des
places n'étaient que des moyens de protestations et en aucun des fins du
mouvement. La mobilisation continue par différente méthodes, ainsi de
gros appels mondiaux sont lancés, et en Espagne les assemblées sont
décentralisées. Ainsi à Madrid plus de 120 assemblées de quartier
donnent la parole aux citoyens et créent la démocratie réelle.
19 juin
Le 19 juin est une journée de mobilisation internationale par l'appel
de différentes organisations et des différentes assemblées populaires.
Les rassemblements vont réclamer de réelles démocraties mais aussi
critiquer le "pacte de l'euro" qui, selon les "indignés", va rendre
encore moins démocratiques nos régimes politiques.
15 octobre
Le collectif "Democracia real ya!" appelle à une mobilisation
mondiale le 15 octobre pour entamer une révolution démocratique
générale.22
Réponse politique
La manifestation provoque des réactions dans les partis politiques qui s'expriment sur le sujet le 16 mai. Jaime Mayor Oreja, membre du PP et du Parlement Européen, critique l'intention des manifestants de renoncer à l'exercice de leur droit de vote, rejoint en cela par José Blanco, du PSOE23. Izquierda Unida approuve certaines des plaintes des manifestants mais admet ne pas avoir su les prendre en compte. Son coordinateur, Cayo Lara, défend le droit des jeunes à refuser d'être une « génération perdue » et critique l'évacuation de la Plaza del Sol le 16 mai24.
En France Jean Luc Mélenchon
encourage le mouvement, et, dans une posture étrange, déclare que le
Front de Gauche est la solution que les "indignés" recherchent, alors
que ces derniers critiquent justement les partis politiques et se
prémunisent contre la récupération.
Exportation
Le mouvement du 15 mai s'est développé à l'étranger. En effet la
communauté espagnole émigrée a organisé des manifestations et des
campements de soutient dans des centaines de villes de part le monde.
Des mouvement similaires, réclamant de réelles démocraties, sont donc
apparu dans le monde entier. Les mouvements sont importants au Portugal,
en France, en Allemagne, en Italie et en Angleterre,et ce malgré le
silence extrême qui règne dans l'espace médiatique à propos de ces
mouvements citoyens. Les mobilisations, en mai 2011 sont évidemment bien
moindres en dehors de l'Espagne. Il s'agit le plus souvent de
manifestations quotidiennes rassemblant entre 30 et 300 personnes. Des
camps sont montés dans plus d'une centaine de ville à travers le monde,
mais ils se heurtent souvent à la police et aux institutions.
Exportation en France
En France les premières manifestations de soutient aux espagnols
voient le jour le jeudi 19 mai et prennent de l'ampleur dans le
week-end. On compte ainsi plus d'une cinquantaine de villes ou des
manifestations et des rassemblements d'"indignés" ont eu lieu en France.
Des campements ont vu le jour dans plus d'une dizaine de ville, pour
des durées aléatoires(Paris, Lyon, Toulouse, Poitiers, Bayonne,
Avignon). La plupart du temps il n'y a pas de campements en raison de
l'opposition de la police et des institutions et en raison de la
faiblesse de la mobilisation. Le plus grand rassemblement d'indignés
français à ce jour a été le 29 mai sur la place de la Bastille ou entre
2000 et 5000 personnes se sont réunies. Elles ont été expulsées le
soir-même, ce qui a fait grand-bruit outre-Pyrénées.
Exportation en Grèce
Le mouvement a véritablement débuté en Grèce le 25 mai. Suite à la
diffusion massive d'une pancarte espagnole critiquant les grecs qui ne
se révoltent pas face aux injustices qui les touchent, une multitude de
grecs, dans une situation difficile compte tenu du contexte économique
et financier de leur état, a répondu aux espagnols par des
manifestations massives. Ainsi à partir du 25 mai des campements voient
le jour dans les principales villes grecques, et le 5 juin 2011, journée
de mobilisation record en Grèce, on compte plus d'un million de
manifestant dans tout le pays. En Grèce c'est la place place Syntagma
qui est le symbole de la contestation des indignés. Les estimations
donnent entre 100 000 et 500 000 personnes rassemblées en ce lieu dans
la journée du 5 juin 2011. Le mouvement en Grèce a pris une telle
importance que les centrales syndicales ne sont plus mobilisatrices pour
contrer le gouvernement. Ainsi le 15 juin un appel à lagrève générale
est lancé par l'ADEDY, principale base syndicale du secteur public,
afin de rejoindre les "indignés" devant le parlement. A cette occasion
les "indignés" de l'assemblée de la place Syntagma ont annoncé leur
volonté d'empêcher les parlementaires de débattre des nouvelles mesures
d'austérités proposées par le gouvernement socialiste.25
Les médias
Les médias sont très critiqués dans leur travail pour rendre compte
du mouvement. Ainsi en Espagne on dénonce la désinformation quand aux
revendications, notamment celle menée de la part de la chaîne Intereconomía Televisión.
En France les médias sont critiqués pour leur silence face aux
mobilisations espagnoles et grecques et pour leur traitement de
l'information quand ils daignent informer leurs lecteurs du mouvement. 26
Liens connexes
- Élections espagnoles de 2011
- Centre social autogéré (Italie), mouvements similaires dans l'Italie des années 1970.
Notes et références
- ↑ Alcaide, Soledad; Mouvement 15-M: les citoyens exigent de reconstruire la politique [archive], 17 mai 2011 (édition du jour même).
- ↑ El País (sección: editorial); Indignados en la calle [archive], 17 mai 2011 (édition du jour même).
- ↑ Le Yéti, « Les "indignados" quittent la Puerta del Sol, mission accomplie [archive] », Rue89, publié le 13 juin 2011
- ↑ Antoine Reverchon, Anne Rodier, « Les peuples européens à l'épreuve de la rigueur », Le Monde Economie, 31 mai 2011, p. 1
- ↑ a et b Gutiérrez, Óscar, de El País; Les samedis d'Islande sont arrivés au 15 mai [archive], 17 mai 2011 (édition du 18 mai 2011).
- ↑ Toharia, José Juan; Llaman a la puerta [archive], 17 mai 2011 (consulté le jour même).
- ↑ M. Ruiz, Rosa; de El Diario Montañés; Plus d'une centaine de mécontents contre la classe politique 'prennent' la Porticada [archive] (consultado el 17 de mayo de 2011).
- ↑ a, b et c El Mundo; Des milliers de personnes descendent dans la rue et passent la nuit à la Puerta del Sol [archive], 18 mai 2011 (consulté le jour même).
- ↑ ABC Sevilla; «Democracia Real Ya» se désolidarise des insultes «ciblées» d'une fraternité grenadine [archive], 16 mai 2011 (consulté le 18 mai 2011)
- ↑ Muñoz Lara, Aurora;Le mouvement des indignés occupe à nouveau la Puerta del Sol [archive], 17 mai 2011 (édition du jour même).
- ↑ http://forum.reelledemocratie.fr/viewtopic.php?f=25&t=21 [archive]
- ↑ http://www.lefigaro.fr/international/2011/05/30/01003-20110530ARTFIG00704-les-indignes-de-madrid-s-interrogent-sur-leur-avenir.php [archive]
- ↑ http://www.acrimed.org/article3601.html [archive]
- ↑ http://owni.fr/2011/05/22/manifeste-democracia-real-ya-democratie-maintenant/ [archive]
- ↑ La manifestation des 'indignés' mobilise plusieurs milliers de personnes dans toute l'Espagne [archive], 15 mai 2011 (édition du 17 mai 2011).
- ↑ Informativos Telecinco; La manifestation des 'Indignés' se termina avec 24 arrestations et 5 policiers blessés [archive], 16 mai 2011 (édition du 18 mai 2011).
- ↑ a et b La Voz de Galicia; Plusieurs campements réactivent les manifestations des «indignés» en Galice [archive], 17 mai 2011 (édition du jour même).
- ↑ a, b et c El Diario Montañés; Des milliers d' « indignés » reprennent la Puerta del Sol [archive], 17 mai 2011 (édition du même jour).
- ↑ Pérez-Lanzac, Carmen, de El País; Indignés et campeurs [archive], 17 mai 2011 (édition du même jour).
- ↑ a et b El Mundo; Relais de campeurs jusqu'au 22 mai prochain [archive], 17 mai 2011 (édition du même jour).
- ↑ La Police Nationale évacue les 'indignés' qui campaient sur la Plaza del Carmen de Grenade [archive] ideal.es
- ↑ http://www.humanite.fr/31_05_2011-los-indignados-de-tous-les-pays-s%E2%80%99uniront-le-15-octobre-2011-473406 [archive]
- ↑ La Voz de Galicia; « La vraie démocratie maintenant » a fait réagir les deux principaux partis [archive], 16 mai 2011 (édition du 17 mai 2011).
- ↑ La Voz de Galicia; Cayo Lara: « Zapatero donne plus de bénéfices aux possédants et la trique pour ceux d'en-bas » [archive], 17 mai 2011 (édition du jour même).
- ↑ http://www.lexpress.fr/actualites/2/monde/les-manifestants-grecs-veulent-bloquer-les-deputes_1002200.html?actu=1 [archive]
- ↑ http://www.acrimed.org/article3603.html [archive]
Sources : Wikipedia : Mouvement_des_Indignes au 17 juin 2011
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Protestas en España de mayo de 2011 » (voir la liste des auteurs)