La liberté - cela ne veut pas dire de faire n’importe quoi : la liberté oblige au respect. Il n’est de richesse que d’Homme. Il n’est pas de véritable démocratie sans reconnaissance et acceptation de la liberté inhérente à toute personne humaine.
- La démocratie est le système politique le plus élaboré et le plus subtil qu’il soit.
C’est un jeu harmonieux où le pouvoir est contrôlé, où le pouvoir peut arrêter le pouvoir car le pouvoir est au service du bien commun et non de ses dirigeants et encore moins de ses représentants - La démocratie ne se donne pas, ne s’institutionnalise pas, ne se décrète pas :
Elle se mérite et se vit au quotidien. - La démocratie impose un certain nombre d’ingrédients :
Courage : assumer sa liberté
Responsabilité : respecter la différence et la liberté des autres ;
Humilité : faire taire les intérêts particuliers au nom de l’intérêt général, du bien commun ;
Discernement : contribuer, voire contester toujours dans le souci de construire plutôt
que de détruire. La démocratie est faite pour des peuples qui ont su tourner la page
de leurs maux, de leurs querelles intestines. - La démocratie n’est pas un concept figé :
La démocratie est un corps social en mouvement.
* Même les démocraties peuvent subir le poids des habitudes, s’enfermer dans leurs certitudes et, de fait, répondre de manière de plus en plus inappropriée aux besoins et aux attentes de leurs populations. Avec pour contrepartie, une certaine forme d'assèchement citoyen où les opinions publiques sont plus amenées à sanctionner qu’à adhérer par leurs votes.
* Constatons à cet égard que la mondialisation n’a fait qu’accentuer ce phénomène notamment dans un certain nombre de pays européens.
On peut disposer d’une armature institutionnelle, démocratique et dans le fond, être faiblement démocratique voire pas du tout démocratique. - La démocratie n’est pas un exercice de passivité citoyenne :
Représenter ce n’est pas exclure ceux que l’on représente.
La délégation de pouvoir consenti lors des élections n’est pas un « chèque en blanc ». - La société civile a vocation à s’inviter dans le débat public :
Les partis politiques ont et continuent à jouer un rôle d’expression, d’animation de la vie publique qui reste très important cependant. Ce rôle est et deviendra de moins en moins prépondérant.
Les opinions publiques ont substantiellement mûri. Elles ont et ressentent désormais beaucoup plus qu’hier le besoin d’intervenir, de participer de manière autre à la vie de la cité. Ce souhait se trouve d’ailleurs corroboré et intensifié par les opportunités offertes par les nouvelles technologies (blogs, sms, etc.). - La démocratie, c’est un harmonieux partage des rôles : à chacun son rôle, à chacun sa place.
Les administrations doivent jouer le leur, les partis politiques aussi, ainsi que les citoyens, la société civile organisée.
Récusons, à cet égard, un certain nombre de mythes absurdes : - Les associations, les ONG ne peuvent pas, ne doivent pas participer à la vie
de la cité, à l’enrichissement de la dynamique politique. Mais, martelons-le,
tout est politique ! Evitons de forger de vrais/faux problèmes qui ne sont que
des raisonnements à exclure. - A trop écouter la société civile, on court le risque de sombrer dans une forme
de populisme. Alors, le peuple ne serait donc sage et clairvoyant que lorsqu’il
délègue son pouvoir aux politiques
Cela repose, au départ, sur le souhait et la volonté d’une population à vouloir assumer son destin dans le respect et l’acceptation des différences qui la composent.
Cela impose :
ou extraterritoriale (pourvu qu’elle soit professionnelle et objective) ;
et d’un vrai et durable partage politico-économique.
Conclusion
La démocratie est et restera jusqu’à la fin des temps un harmonieux et subtil partage des rôles.
Une démocratie s’élève toujours en acceptant le risque d’un débat surtout lorsqu’il est pluriel.
Il ne saurait y avoir de réelle démocratie sans reconnaissance et acceptation du rôle que peut jouer la société civile en complément des instances politiques.
- La société civile organisée a une véritable fonction d’alerte à jouer (comme la presse) mais aussi d’éclaireur, avec, en plus, un devoir d’action.
- Il est par ailleurs de l’intérêt même des Etats de voir se développer des ONG, des associations, fortes et indépendantes, non seulement afin de permettre aux citoyens de pouvoir participer et contribuer de manière pragmatique à la vie de la société mais aussi afin de permettre aux citoyens de pouvoir bénéficier de prestations, d’expertises, pouvant être de nature à optimiser la qualité et l’efficacité du service public voire du travail parlementaire.
Une démocratie se mérite. A chacun d’y jouer lucidement son rôle. Vous savez ce qu’il vous reste à faire ! L’enjeu est à la hauteur de votre espérance.
Loïc TRIBOT LA SPIERE, délégué général du CEPS - Intervention Mardi 3 juillet 2007 au Conseil de l’Europe
CEPS
1, rue de Villersexel
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T : 01.53.63.13.63 – Fax : 01.53.63.13.60
e-mail : ceps@ceps-oing.org – site : www.ceps-oing.org
Source:
http://www.ceps.asso.fr/medias/ONG_pdf/Universite%20d%20ete%20CoE%2007.pdf