Les députés refusent de baisser leurs salaires : une faute politique
article : rue 89 - 16 nov 2011
Ça m'ennuie beaucoup d'être d'accord avec Lionnel Luca, le député UMP niçois tendance Droite populaire...
Mais le refus des députés, lundi, de suivre sa proposition de loi en
faveur d'une baisse de 10% des indemnités des élus de la République est,
à mon sens, une faute politique.
Lionnel Luca, suivi par trente autres députés allant du non-inscrit
de droite Nicolas Dupont-Aignan à l'élu Europe Ecologie - Les Verts François de Rugy, a déposé un amendement rejeté après un débat décrit par l'AFP comme « bref et dépassionné ».
Les opposants à cette mesure parlent de « démagogie », de « gadget »,
de « populisme », et font valoir que l'économie réalisée, environ cinq
millions d'euros par an, représenterait une goutte d'eau dans le déficit
public français qui s'élève cette année à 98,5 milliards d'euros (3 123
euros par seconde, selon le compteur de la dette...).
Certains élus ont même fait valoir qu'ils travaillent beaucoup et
méritent bien leurs indemnités (5 200 euros par mois), contrairement à
certaines idées reçues, alimentées par l'absentéisme parlementaire et
l'hémicycle vide pour certaines séances.
Effort européen
Toutes ces critiques sont sans doute valables, sauf qu'elles ignorent
la dimension d'exemplarité de la mesure, et qu'en période de crise,
surtout lorsque des sacrifices sont imposés à chacun, les symboles ont
un sens.
Il est intéressant que l'initiative ait été prise par un des chefs de
file de la Droite populaire, qui laboure sur les mêmes terres que le
Front national. Ce dernier trouvera dans ce refus des élus de
s'appliquer à eux-mêmes un sacrifice au moment où ils votent chaque
semaine de nouvelles mesures de rigueur un argument de poids pour son
« tous pourris ».
Capture d'écran du site de Lionnel Luca (DR)
Lionnel Luca faisait valoir, sur son site, que sa mesure constituait « une occasion à ne pas gâcher pour réconcilier les Français avec leurs élus ».
Ce ratage est à rapprocher de la décision démagogique du dernier plan
Fillon de « geler » les salaires des ministres et du président de la
République. A six mois de la fin de la législature, c'est un geste vide
de sens, à comparer avec la décision de nombreux gouvernements européens
depuis un an de baisse de 5 à 15% les salaires des ministres et des hauts fonctionnaires. Partout, sauf en France.
Lionnel Luca avait sans doute de bonnes arrières-pensées politiques
en prenant son initiative. Mais les députés, de droite comme de gauche
qui ont rejeté son amendement, ont fait preuve d'une bonne absence de
sens politique dans leur attitude.
Ils risquent de le regretter lorsqu'ils rentreront dans leur
circonscription ce week-end, et se frotteront aux réactions de leurs
électeurs sur les marchés...
sources
http://www.rue89.com/2011/11/16/les-deputes-refusent-de-baisser-leurs-salaires-une-faute-politique-226595
article : rue 89 - 16 nov 2011
Ça m'ennuie beaucoup d'être d'accord avec Lionnel Luca, le député UMP niçois tendance Droite populaire...
Mais le refus des députés, lundi, de suivre sa proposition de loi en
faveur d'une baisse de 10% des indemnités des élus de la République est,
à mon sens, une faute politique.
Lionnel Luca, suivi par trente autres députés allant du non-inscrit
de droite Nicolas Dupont-Aignan à l'élu Europe Ecologie - Les Verts François de Rugy, a déposé un amendement rejeté après un débat décrit par l'AFP comme « bref et dépassionné ».
Les opposants à cette mesure parlent de « démagogie », de « gadget »,
de « populisme », et font valoir que l'économie réalisée, environ cinq
millions d'euros par an, représenterait une goutte d'eau dans le déficit
public français qui s'élève cette année à 98,5 milliards d'euros (3 123
euros par seconde, selon le compteur de la dette...).
Certains élus ont même fait valoir qu'ils travaillent beaucoup et
méritent bien leurs indemnités (5 200 euros par mois), contrairement à
certaines idées reçues, alimentées par l'absentéisme parlementaire et
l'hémicycle vide pour certaines séances.
Effort européen
Toutes ces critiques sont sans doute valables, sauf qu'elles ignorent
la dimension d'exemplarité de la mesure, et qu'en période de crise,
surtout lorsque des sacrifices sont imposés à chacun, les symboles ont
un sens.
Il est intéressant que l'initiative ait été prise par un des chefs de
file de la Droite populaire, qui laboure sur les mêmes terres que le
Front national. Ce dernier trouvera dans ce refus des élus de
s'appliquer à eux-mêmes un sacrifice au moment où ils votent chaque
semaine de nouvelles mesures de rigueur un argument de poids pour son
« tous pourris ».
Capture d'écran du site de Lionnel Luca (DR)
Lionnel Luca faisait valoir, sur son site, que sa mesure constituait « une occasion à ne pas gâcher pour réconcilier les Français avec leurs élus ».
Ce ratage est à rapprocher de la décision démagogique du dernier plan
Fillon de « geler » les salaires des ministres et du président de la
République. A six mois de la fin de la législature, c'est un geste vide
de sens, à comparer avec la décision de nombreux gouvernements européens
depuis un an de baisse de 5 à 15% les salaires des ministres et des hauts fonctionnaires. Partout, sauf en France.
Lionnel Luca avait sans doute de bonnes arrières-pensées politiques
en prenant son initiative. Mais les députés, de droite comme de gauche
qui ont rejeté son amendement, ont fait preuve d'une bonne absence de
sens politique dans leur attitude.
Ils risquent de le regretter lorsqu'ils rentreront dans leur
circonscription ce week-end, et se frotteront aux réactions de leurs
électeurs sur les marchés...
sources
http://www.rue89.com/2011/11/16/les-deputes-refusent-de-baisser-leurs-salaires-une-faute-politique-226595