Les indignés des services publics lancent un appel à la désobéissance
Par Rédaction Bastamag (12 octobre 2011)
Une conseillère du Pôle emploi de Toulouse est convoquée devant un conseil de discipline le
13 octobre, pour avoir refusé d’appliquer une procédure qui dégrade,
selon elle, le service rendu. Face au démantèlement du service public,
les actes de désobéissance de la part de fonctionnaires se multiplient.
« L’Appel de Toulouse » propose une riposte concertée, réunissant
fonctionnaires et usagers attachés à un service public de qualité.
Nous sommes citoyens, usagers et salariés, agents ou fonctionnaires des services
publics ou remplissant des missions de service public. Nous nous élevons
ensemble contre leur destruction et la dégradation du service rendu au
public.
Ce gouvernement fusionne, démantèle, privatise. Il manipule ! Il
organise l’inefficience des services et les rend inopérants pour remplir
leur mission d’intérêt général. Il réduit les effectifs, diminue les
moyens, change les métiers, réorganise, désorganise... provocant ainsi
l’insatisfaction, la souffrance des usagers et des salariés. En
diffusant une mauvaise image des services publics et en opposant usagers
et agents, il prépare leur disparation.
Les services publics sont : la Santé, l’Éducation, la Justice, les
Services sociaux, les Universités et la Recherche, les Organismes
sociaux (CAF, Sécurité sociale, Pôle emploi [1]),
la Police, les pompiers, les crèches municipales, les services
territoriaux, l’Équipement et l’aménagement du territoire, les
transports, La Poste, la SNCF, l’accès à l’eau, au gaz, à l’électricité…
Tout ce qui est légitimement accessible à tous et qui rend notre
quotidien confortable.
Nous avons déjà laissé beaucoup de ces secteurs échapper à la
régulation de l’État, certains ont disparu, d’autres sont privatisés ou
en voie de l’être... Jusqu’où allons-nous les laisser nous dépouiller de
ce qui ne leur appartient pas ?
Les générations précédentes avaient eu la prudence de garantir un
accès gratuit et régulé à ces services de façon à ce que tous puissent
en bénéficier, sur l’ensemble du territoire. De quel droit ce
gouvernement s’autorise t-il à modifier des structures aussi
fondamentales – et constitutionnelles – de notre société, à l’encontre
des intérêts de la population qu’il est censé servir ?
Il agit peut-être légalement, en votant des lois de circonstance,
mais illégitimement en ne prenant en compte ni l’intérêt de tous ni les
importantes manifestations de la rue, et en instrumentalisant l’action
sociale à des fins sécuritaires.
Il y a un dysfonctionnement dans notre système déclaré
« démocratique » ; et devant ce constat beaucoup d’entre nous se sont
démobilisés, invoquant une impuissance face aux politiques, eux-mêmes
confrontés à leur propre impuissance face aux marchés... D’impuissance
en impuissance, nous laissons faire et ce que nous redoutons se réalise.
Pourtant, nous pouvons cesser de nous abriter derrière ce discours de
« ça ne sert à rien », arrêter d’être fatalistes, retrouver notre
capacité à nous indigner, à réagir et à agir. Car sans nous, « ils ne
sont rien », qu’ils soient politiques ou grands gestionnaires, c’est
nous qui sommes sur le terrain à faire ou à subir ce qu’ils nous
demandent d’accomplir contre nous-mêmes tous les jours.
Il est donc temps, pour nous et pour les générations à venir :
de porter un coup d’arrêt à la destruction organisée de nos droits et
acquis sociaux, de nos structures de solidarité et de fraternité ;
d’arrêter de subir et de contribuer au fonctionnement de ce qui peut nous nuire ou nuire à nos concitoyens ;
de refuser de céder à la division (les vieux contre les jeunes, les
travailleurs contre les chômeurs, les salariés du privé contre les
fonctionnaires, les « intégrés » contre les étrangers...), à la mise en
concurrence généralisée des salariés au cœur des entreprises et des
établissements publics (les places sur le marché de l’emploi sont
chères, et ils s’en servent...).
Il dépend de nous, une fois encore dans l’histoire, de leur rappeler
qu’ils ne sont là que sur mandat, et qu’ils sont révocables... Ils nous
demandent des sacrifices, exigeons des comptes...
Il s’agit d’un appel, un appel à la résistance, à la désobéissance
ouverte ou discrète, où que vous soyez, qui que vous soyez, vous pouvez
agir pour vous et pour nous tous. Dans chaque secteur d’activité, chaque
jour, nous pouvons faire différemment ou ne pas faire, pour arrêter
cette déconstruction et la contrer le plus possible.
C’est un appel à Tous. Nous demandons à chacun d’agir à sa mesure,
nous appelons aussi les personnalités à s’engager publiquement,
médiatiquement : que ceux qui savent disent, haut et fort, seuls ou en
collectifs : historiens, sociologues, juristes, économistes,
intellectuels, journalistes...
Retrouvons le sens de nos responsabilités : celles de citoyens actifs,
celles de membres solidaires d’une collectivité, celles de parents
soucieux de l’avenir de leurs enfants. »
Résistants et désobéisseurs des Services publics
Retrouvez l’Appel de Toulouse et la liste des premiers signataires en cliquant ici
Notes
[1]
Une conseillère de l’agence Pôle emploi de la place Occitane, à
Toulouse, Isabelle de Léon, a refusé d’appliquer ce que la nouvelle
procédure, née de la fusion Anpe/Assedic, lui impose de faire. D’après
elle, « cette procédure n’offre pas un service de qualité, mais un
service minimum, voire dégradé, qui n’est pas sans conséquence sur
l’indemnisation des demandeurs d’emploi et ses délais ». Punie d’un
blâme par sa direction régionale, elle est convoquée devant un conseil
de discipline à Paris le 13 octobre. Elle a installé un abri mobile
devant la direction régionale de Pôle emploi Midi-Pyrénées, dans lequel
elle a entamé une grève de la faim.
sources : http://www.bastamag.net/article1811.html
Par Rédaction Bastamag (12 octobre 2011)
Une conseillère du Pôle emploi de Toulouse est convoquée devant un conseil de discipline le
13 octobre, pour avoir refusé d’appliquer une procédure qui dégrade,
selon elle, le service rendu. Face au démantèlement du service public,
les actes de désobéissance de la part de fonctionnaires se multiplient.
« L’Appel de Toulouse » propose une riposte concertée, réunissant
fonctionnaires et usagers attachés à un service public de qualité.
Nous sommes citoyens, usagers et salariés, agents ou fonctionnaires des services
publics ou remplissant des missions de service public. Nous nous élevons
ensemble contre leur destruction et la dégradation du service rendu au
public.
Ce gouvernement fusionne, démantèle, privatise. Il manipule ! Il
organise l’inefficience des services et les rend inopérants pour remplir
leur mission d’intérêt général. Il réduit les effectifs, diminue les
moyens, change les métiers, réorganise, désorganise... provocant ainsi
l’insatisfaction, la souffrance des usagers et des salariés. En
diffusant une mauvaise image des services publics et en opposant usagers
et agents, il prépare leur disparation.
Les services publics sont : la Santé, l’Éducation, la Justice, les
Services sociaux, les Universités et la Recherche, les Organismes
sociaux (CAF, Sécurité sociale, Pôle emploi [1]),
la Police, les pompiers, les crèches municipales, les services
territoriaux, l’Équipement et l’aménagement du territoire, les
transports, La Poste, la SNCF, l’accès à l’eau, au gaz, à l’électricité…
Tout ce qui est légitimement accessible à tous et qui rend notre
quotidien confortable.
Nous avons déjà laissé beaucoup de ces secteurs échapper à la
régulation de l’État, certains ont disparu, d’autres sont privatisés ou
en voie de l’être... Jusqu’où allons-nous les laisser nous dépouiller de
ce qui ne leur appartient pas ?
Les générations précédentes avaient eu la prudence de garantir un
accès gratuit et régulé à ces services de façon à ce que tous puissent
en bénéficier, sur l’ensemble du territoire. De quel droit ce
gouvernement s’autorise t-il à modifier des structures aussi
fondamentales – et constitutionnelles – de notre société, à l’encontre
des intérêts de la population qu’il est censé servir ?
Il agit peut-être légalement, en votant des lois de circonstance,
mais illégitimement en ne prenant en compte ni l’intérêt de tous ni les
importantes manifestations de la rue, et en instrumentalisant l’action
sociale à des fins sécuritaires.
Il y a un dysfonctionnement dans notre système déclaré
« démocratique » ; et devant ce constat beaucoup d’entre nous se sont
démobilisés, invoquant une impuissance face aux politiques, eux-mêmes
confrontés à leur propre impuissance face aux marchés... D’impuissance
en impuissance, nous laissons faire et ce que nous redoutons se réalise.
Pourtant, nous pouvons cesser de nous abriter derrière ce discours de
« ça ne sert à rien », arrêter d’être fatalistes, retrouver notre
capacité à nous indigner, à réagir et à agir. Car sans nous, « ils ne
sont rien », qu’ils soient politiques ou grands gestionnaires, c’est
nous qui sommes sur le terrain à faire ou à subir ce qu’ils nous
demandent d’accomplir contre nous-mêmes tous les jours.
Il est donc temps, pour nous et pour les générations à venir :
de porter un coup d’arrêt à la destruction organisée de nos droits et
acquis sociaux, de nos structures de solidarité et de fraternité ;
d’arrêter de subir et de contribuer au fonctionnement de ce qui peut nous nuire ou nuire à nos concitoyens ;
de refuser de céder à la division (les vieux contre les jeunes, les
travailleurs contre les chômeurs, les salariés du privé contre les
fonctionnaires, les « intégrés » contre les étrangers...), à la mise en
concurrence généralisée des salariés au cœur des entreprises et des
établissements publics (les places sur le marché de l’emploi sont
chères, et ils s’en servent...).
Il dépend de nous, une fois encore dans l’histoire, de leur rappeler
qu’ils ne sont là que sur mandat, et qu’ils sont révocables... Ils nous
demandent des sacrifices, exigeons des comptes...
Il s’agit d’un appel, un appel à la résistance, à la désobéissance
ouverte ou discrète, où que vous soyez, qui que vous soyez, vous pouvez
agir pour vous et pour nous tous. Dans chaque secteur d’activité, chaque
jour, nous pouvons faire différemment ou ne pas faire, pour arrêter
cette déconstruction et la contrer le plus possible.
C’est un appel à Tous. Nous demandons à chacun d’agir à sa mesure,
nous appelons aussi les personnalités à s’engager publiquement,
médiatiquement : que ceux qui savent disent, haut et fort, seuls ou en
collectifs : historiens, sociologues, juristes, économistes,
intellectuels, journalistes...
Retrouvons le sens de nos responsabilités : celles de citoyens actifs,
celles de membres solidaires d’une collectivité, celles de parents
soucieux de l’avenir de leurs enfants. »
Résistants et désobéisseurs des Services publics
Retrouvez l’Appel de Toulouse et la liste des premiers signataires en cliquant ici
Notes
[1]
Une conseillère de l’agence Pôle emploi de la place Occitane, à
Toulouse, Isabelle de Léon, a refusé d’appliquer ce que la nouvelle
procédure, née de la fusion Anpe/Assedic, lui impose de faire. D’après
elle, « cette procédure n’offre pas un service de qualité, mais un
service minimum, voire dégradé, qui n’est pas sans conséquence sur
l’indemnisation des demandeurs d’emploi et ses délais ». Punie d’un
blâme par sa direction régionale, elle est convoquée devant un conseil
de discipline à Paris le 13 octobre. Elle a installé un abri mobile
devant la direction régionale de Pôle emploi Midi-Pyrénées, dans lequel
elle a entamé une grève de la faim.
sources : http://www.bastamag.net/article1811.html