1,5 milliard d’euros de plomberie
Veolia, Suez, la Saur ne paieraient pas pour la remise en état du réseau
français d'eau potable. Le député expert sur le sujet propose de faire
payer les collectivités locales et les usagers. Rencontre autour d'une
facture de 1,5 milliard.
Le député le plus impliqué dans les affaires d’approvisionnement en eau, André Flajolet (UMP, Pas-de-Calais),
voudrait faire payer les usagers et les collectivités locales pour
remettre en état le réseau d’eau potable français. Ses défauts
d’entretien laissent s’échapper dans la nature près de 22% d’eau. Le
chantier est évalué à 1,5 milliard d’euros.
Pour le financer, le parlementaire, rapporteur de la Loi sur l’eau de 2006 et président du Comité national de l’eau,
privilégie l’émission de prêts à taux zéro via la Caisse des dépôts et
consignation. Avec un remboursement à la charge des collectivités
territoriales et des usagers, puisqu’une part de ce coût serait
répercutée sur le prix au mètre cube. « 0,2 à 0,7 centime par mètre cube » nous précise André Flajolet. Mais rien à la charge de Veolia, Suez ou de la Saur.
Le 6 juillet dernier, André Flajolet avait marqué les esprits en
avançant ce prix de 1,5 milliard d’euros pour la rénovation des tuyaux,
lors d’un point presse organisé par le syndicat professionnel Canalisateurs de France. Or, l’entretien et le renouvellement des canalisations, les usagers français l’ont déjà payé, même plusieurs fois.
Entre 3 et 10 milliards d’euros de « négligences »
Jusqu’à la loi sur l’eau et les milieux aquatiques de 2006, les
opérateurs incluaient sur la facture une ligne dédiée à ce poste : les « provisions pour renouvellement »,
des sommes retenues pour être employées à la rénovation des réseaux.
Seulement voilà : les sommes auraient elles-mêmes fuité. Comme le
révélait une enquête de Jean-Luc Touly et Roger Langlet parue en 2003,
3 à 10 milliards d’euros de ces « provisions » ont ainsi rejoint en
Irlande un véhicule financier commun aux deux géants du secteur (Suez,
ex Lyonnaise, et Veolia, ex Générale des eaux) où ils ont fructifié à de
bons taux.
Une pratique rendue illégale par la loi de 2006, dont André Flajolet
était rapporteur. Mais qui est pour bonne partie à l’origine des
problèmes de canalisations aujourd’hui pointés par lui. Le député du
Pas-de-Calais se défend cependant de vouloir exonérer les deux majors de
leurs responsabilités :
applaudissements à l’idée de ce plan. Directeur général adjoint de
Veolia Eau, Marc Reneaume s’est vite défendu du « catastrophisme » des
canalisateurs, assurant la qualité des installations. Une position
qu’explique sans mal Gabriel Amard, élu de Viry-Châtillon, dont il a fait ramener la fourniture d’eau en régie publique :
Soulevé par Canalisateurs de France, cet océan d’eau fuitée est en
fait une aubaine économique pour les délégataires : chargés de
l’acheminement de l’eau, la plupart sont également propriétaires des
centres de « potabilisation » où l’eau profonde (des nappes phréatiques)
ou superficielle (des cours d’eau) est filtrée et rendue consommable.
Chaque goutte « potabilisée » est dûment facturée au consommateur au
moment où elle entre dans le tuyau, qu’elle arrive au robinet… ou pas.
Un supplément inodore et incolore car il est directement intégré dans le
prix au mètre cube.
L’estimation du syndicat des poseurs de tuyau est quant à elle juste…
mais pas très précise. La faute, selon Emmanuel Poilane, directeur de
la Fondation France Libertés, aux statistiques très incomplètes fournies
par les agglomérations et les opérateurs :
les grands opérateurs de l’eau mais qui tombe mal pour ces derniers.
Entre 2012 et 2013, de nombreuses délégations de service public
arriveront à leur terme, notamment dans de grandes villes de France
(Bordeaux, Marseille, Montpellier, Nice). Deux années stratégiques qui
pourraient voir des contrats à 8 zéros s’achever à cause d’une simple
fuite.
FlickR Jonah G.S. ; DaVa2010.
auteur : Sylvain LAPOIX
sources : http://owni.fr/2011/09/14/suez-plombier-veolia-eau-fuites-facture/?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+Owni+%28Owni%29
Veolia, Suez, la Saur ne paieraient pas pour la remise en état du réseau
français d'eau potable. Le député expert sur le sujet propose de faire
payer les collectivités locales et les usagers. Rencontre autour d'une
facture de 1,5 milliard.
Le député le plus impliqué dans les affaires d’approvisionnement en eau, André Flajolet (UMP, Pas-de-Calais),
voudrait faire payer les usagers et les collectivités locales pour
remettre en état le réseau d’eau potable français. Ses défauts
d’entretien laissent s’échapper dans la nature près de 22% d’eau. Le
chantier est évalué à 1,5 milliard d’euros.
Pour le financer, le parlementaire, rapporteur de la Loi sur l’eau de 2006 et président du Comité national de l’eau,
privilégie l’émission de prêts à taux zéro via la Caisse des dépôts et
consignation. Avec un remboursement à la charge des collectivités
territoriales et des usagers, puisqu’une part de ce coût serait
répercutée sur le prix au mètre cube. « 0,2 à 0,7 centime par mètre cube » nous précise André Flajolet. Mais rien à la charge de Veolia, Suez ou de la Saur.
Le 6 juillet dernier, André Flajolet avait marqué les esprits en
avançant ce prix de 1,5 milliard d’euros pour la rénovation des tuyaux,
lors d’un point presse organisé par le syndicat professionnel Canalisateurs de France. Or, l’entretien et le renouvellement des canalisations, les usagers français l’ont déjà payé, même plusieurs fois.
Entre 3 et 10 milliards d’euros de « négligences »
Jusqu’à la loi sur l’eau et les milieux aquatiques de 2006, les
opérateurs incluaient sur la facture une ligne dédiée à ce poste : les « provisions pour renouvellement »,
des sommes retenues pour être employées à la rénovation des réseaux.
Seulement voilà : les sommes auraient elles-mêmes fuité. Comme le
révélait une enquête de Jean-Luc Touly et Roger Langlet parue en 2003,
3 à 10 milliards d’euros de ces « provisions » ont ainsi rejoint en
Irlande un véhicule financier commun aux deux géants du secteur (Suez,
ex Lyonnaise, et Veolia, ex Générale des eaux) où ils ont fructifié à de
bons taux.
Une pratique rendue illégale par la loi de 2006, dont André Flajolet
était rapporteur. Mais qui est pour bonne partie à l’origine des
problèmes de canalisations aujourd’hui pointés par lui. Le député du
Pas-de-Calais se défend cependant de vouloir exonérer les deux majors de
leurs responsabilités :
Les contrats de délégation qui ont été signés avant 2006Sauf que, curieusement, les géants de l’eau courante ont retenu leurs
ont donné lieu à des dérives or, à ce moment là, la loi n’avait pas de
caractère contraignant. Mais, pour moi, s’il y a deux signatures en bas
d’un contrat, les deux parties sont également responsables, en
l’occurrence, les entreprises comme les délégataires (collectivités
territoriales délégant le service public de l’eau, NdR). Il ne s’agit
pas de passer l’éponge !
applaudissements à l’idée de ce plan. Directeur général adjoint de
Veolia Eau, Marc Reneaume s’est vite défendu du « catastrophisme » des
canalisateurs, assurant la qualité des installations. Une position
qu’explique sans mal Gabriel Amard, élu de Viry-Châtillon, dont il a fait ramener la fourniture d’eau en régie publique :
S’il y a autant de fuites, c’est parce que lesDe la buée sur les compteurs
délégataires n’ont pas fait leur travail ! Sur la communauté
d’agglomération de Lens-Liévain, le taux de renouvellement déclaré par
le délégataire, Veolia, est de 0,14% par an… Il faudra 700 ans pour
renouveler le réseau intégralement ! Les tuyaux ont une espérance de vie
de 100 ans, la moindre des choses serait de garantir 1% de
renouvellement par an.
Soulevé par Canalisateurs de France, cet océan d’eau fuitée est en
fait une aubaine économique pour les délégataires : chargés de
l’acheminement de l’eau, la plupart sont également propriétaires des
centres de « potabilisation » où l’eau profonde (des nappes phréatiques)
ou superficielle (des cours d’eau) est filtrée et rendue consommable.
Chaque goutte « potabilisée » est dûment facturée au consommateur au
moment où elle entre dans le tuyau, qu’elle arrive au robinet… ou pas.
Un supplément inodore et incolore car il est directement intégré dans le
prix au mètre cube.
L’estimation du syndicat des poseurs de tuyau est quant à elle juste…
mais pas très précise. La faute, selon Emmanuel Poilane, directeur de
la Fondation France Libertés, aux statistiques très incomplètes fournies
par les agglomérations et les opérateurs :
La fourchette des fuites et des investissementsUn épisode de plus dans la bataille qui oppose les canalisateurs et
nécessaires est bonne… mais nous ne savons pas où il faut remplacer les
tuyaux ! L’Observatoire national de l’eau, censé compiler les
informations sur les prix, l’état des réseaux, etc. n’est pas rempli par
les acteurs du secteur !
les grands opérateurs de l’eau mais qui tombe mal pour ces derniers.
Entre 2012 et 2013, de nombreuses délégations de service public
arriveront à leur terme, notamment dans de grandes villes de France
(Bordeaux, Marseille, Montpellier, Nice). Deux années stratégiques qui
pourraient voir des contrats à 8 zéros s’achever à cause d’une simple
fuite.
FlickR Jonah G.S. ; DaVa2010.
auteur : Sylvain LAPOIX
sources : http://owni.fr/2011/09/14/suez-plombier-veolia-eau-fuites-facture/?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+Owni+%28Owni%29