CommeUneOmbre Dim 4 Sep - 19:25
Au lendemain d’une mobilisation «historique», avec plus de 400.000 manifestants dans les rues, le mouvement de protestation sociale en Israël est en quête d’une stratégie, dans l’attente de la réponse du gouvernement Netanyahu.
Les analystes s’interrogaient dimanche sur l’avenir de cette vague de contestation sans précédent — «révolution ou évolution?» – après «la plus grande manifestation» de l’histoire de l’Etat d’Israël.
«Un jour, les étudiants apprendront qu’en cette soirée capitale, une société civile est née en Israël», s’est réjouit l’éditorialiste de gauche Gidéon Lévy dans le quotidien Haaretz.
Plus de 400.000 Israéliens ont défilé samedi soir dans le centre de Tel Aviv et dans une quinzaine de villes du pays pour «la justice sociale» et contre le coût de la vie, un record depuis le début mi-juillet du mouvement social, selon les médias.
Pour la presse, la taille des rassemblements de samedi prouve que la mobilisation ne faiblit pas, et maintient la pression sur le Premier ministre libéral-conservateur Benjamin Netanyahu.
Des «recommandations» d'ici deux semaines
Netanyahu a annoncé dimanche que la commission qu’il a chargée de proposer un programme de réformes présenterait ses recommandations d’ici deux semaines.
«Le gouvernement que je dirige s’est engagé à conduire de vrais changements pour alléger le coût de la vie et réduire les inégalités sociales», a répété le Premier ministre. «Jamais auparavant en Israël a-t-on vu une telle commission ouvrir un dialogue sérieux avec des milliers de citoyens», a-t-il plaidé.
Devant l’ampleur de la contestation, «Bibi» Netanyahu a promis de remiser son credo libéral pour répondre à la grogne sociale, tout en rappelant les «contraintes» imposées par la crise économique mondiale, suscitant l’incrédulité des contestataires.
«Le mouvement de protestation sociale est un succès phénoménal. Il a bouleversé le calendrier des priorités et montré au gouvernement que l’opinion publique n’avait pas l’intention de tout laisser tomber», a estimé le commentateur économique Néhémia Shtrasler.
Mais ce dernier a souligné que les organisateurs --à l’origine des jeunes professionnels et des étudiants des classes moyennes-- étaient à la croisée des chemins, obligés de choisir entre des revendications radicales ou des réformes économiques plus limitées.
«C’est le dilemme classique entre ceux qui veulent la révolution et ceux qui préfèrent une évolution», a noté M. Shtrasler.
De fait, les dirigeants du mouvement social sont divisés sur les formes et les objectifs de leur lutte.
Démonter les tentes ou durcir le mouvement?
Après la mobilisation record de samedi, les modérés jugent qu’il faudra démonter les camps de tentes, emblèmes du mouvement, tandis que les plus radicaux prônent un durcissement de la contestation en multipliant en particulier les squats de bâtiments vides.
Il est encore difficile de savoir «si un noyau de nouveaux leaders, avec le talent et les aptitudes nécessaires, va sortir de ce groupe (à la tête de la contestation) ou si une nouvelle force politique est en train d’émerger qui pulvérisera les coalitions fossilisées d’antan», a relevé Aviad Pohoryles dans le tabloïd Maariv.
Pour la plupart des analystes, la vague de contestation de l’été 2011, qui porte autant sur les valeurs éthiques que sur l’économie selon l’éditorialiste vedette Nahum Barnéa, a pourtant d’ores et déjà imprimé une marque indélébile sur la société israélienne.
«Rien de ce qui s’est passé cet été ne sera perdu», a estimé M. Barnéa, selon qui le mouvement traduit un véritable ras-le-bol de toute une partie de la jeunesse et des classe moyennes devant «les sommes versées à la colonisation» et «l’enrichissement des proches du pouvoir», dans un contexte de hausse généralisée du coût de la vie.
(Source AFP)
source :
http://www.liberation.fr/monde/01012357869-manifestations-sociales-record-en-israel-et-maintenant