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Thon rouge : trois fois plus de poissons vendus que pêchés !
L'écart entre les quantités commercialisées et les quotas alloués pour la pêche au thon rouge ne cesse de se creuser. La falsification de documents de déclaration et la vente illicite en seraient les principales causes.
Ressources naturelles | 18 Octobre 2011 | Actu-Environnement.comRéduire la taille du texteAugmenter la taille du texteImprimer cette pageOptions de partage
Malgré la diminution des captures licites et illicites de thon rouge depuis 2008, la surpêche et la fraude se poursuivent. Selon un rapport publié mi-octobre par Pew Environnement Group, l'écart entre les quantités commercialisées de thon rouge et les quotas fixés par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta) atteindrait un niveau record en 2010. En effet, 12.373 tonnes de thon rouge ont été capturées l'année dernière d'après les informations fournies par les Etats pêcheurs pour une quantité commercialisée de 32.564 tonnes.
Afin de calculer la quantité de thon rouge pêchée au-delà des quotas annuels, les chercheurs du Pew Environnement Group ont comparé les données des Etats fournies à la Cicta avec celles commerciales ainsi que douanières des importations et exportations. Cette analyse n'a, par ailleurs, pas pris en compte les thons rouges vendus au marché noir, ni ceux étiquetés sous le nom d'une autre espèce. Des mécanismes qui, s'ils étaient intégrés au calcul, augmenteraient davantage l'écart enregistré…
L'Italie dans le collimateur de l'Union européenne
Le 29 septembre dernier, l'UE a ainsi annoncé une seconde procédure d'infraction à l'encontre de l'Italie qui a deux mois pour prendre des mesures significatives pour démontrer l'implication de son gouvernement dans la lutte contre les filets dérivants. Dans le cas contraire, le pays pourrait se voir infliger une amende allant jusqu'à 120 millions d'euros. Mais, cette procédure ne semble pas satisfaire pleinement le Pew Environnement Group qui a demandé à l'UE et à la Cicta de prendre des dispositions plus strictes. Une d'entre elles consiste "à placer immédiatement sur la liste noire de navires de la Cicta tout opérateur italien réputé avoir pratiqué des activités de pêche au filet dérivant pourtant interdites. Ce faisant, il leur serait interdit de débarquer leurs thons rouges ou espadons et les importateurs et d'autres secteurs seraient découragés d'acheter ces espèces à des navires sur liste noire", met en avant le Pew Environnement Group.
En fonction des rapports officiels de capture de la Cicta et des données commerciales, près de 395.554 tonnes de thon rouge auraient été pêchées entre 1998 et 2010 alors que la quantité réellement commercialisée s'élèverait à 490.000 tonnes sur la même période. Soit un dépassement de près de 100.000 tonnes. Mais, avec la diminution de plus en plus importante des quotas de pêche alloués aux Etats, l'écart a tendance à augmenter. "En 2008, la quantité de thon rouge de l'Atlantique Est et de la Méditerranée négociée sur le marché mondial dépassait de 31% le quota ajusté de la CICTA. En 2010, cette quantité passait à 141%", souligne le rapport du centre de recherche américain. Si ce niveau de capture se maintient, la population de thon rouge de Méditerranée aurait moins de 24 % de chances de se reconstituer d'ici 2022 selon l'évaluation des stocks par la Commission. En 2011, les 48 Etats membres de la CICTA continuent leurs efforts pour la sauvegarde de l'espèce et ont donc fixé un quota de capture légèrement inférieur à celui de 2010 avec 12.900 tonnes autorisées.
Un système électronique pour limiter la fraude
Malgré la forte réduction des quotas et la mise en place par les membres de la Cicta d'un système de documentation sur papier des captures de thon (BCD), certains facteurs expliqueraient encore cet écart comme la falsification de documents pour la vente et le commerce illicite de thons, notamment vers les marchés locaux de l'Union européenne (UE). La sous-déclaration systématique, voire la non déclaration, de thons rouges capturés et transférés vers des élevages en Méditerranée aggrave également cette situation. Enfin, l'interdiction d'utiliser des filets dérivants ne serait pas respectée dans certains pays côtiers de Méditerranée, en particulier l'Italie.
Pour régler les problèmes de fraude, la Cicta a formé un groupe de travail dont l'objectif est d'élaborer d'ici la saison 2012, un système BCD électronique permettant de déclarer de manière plus précise et avec le moins de retard possible les données de capture. "En novembre 2010, des informations essentielles manquaient encore dans la base de données BCD de l'ICCAT [Cicta] pour 75 % des captures réalisées en 2008 et 2009 par des senneurs", précise ainsi le rapport.
De son côté, le Pew Environnement Group souhaite que l'e-BCD comprenne au minimum une base de données sûre, centralisée et facilement accessible aux utilisateurs autorisés. Il réclame également l'établissement d'un système de code-barres pour assurer le suivi de chaque poisson le long de la chaîne d'approvisionnement.
Clément Cygler
© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur ou établissement d'un lien préformaté [13857] / utilisation du flux d'actualité.
6 réactions à cet article
ON peut prédire que se mettra en place dans les années à venir, une armée indépendante dont le but sera de sauver la biodiversité. L'humain (ou plutot le bipède qui se prétend humain) en effet est devenu fou, avide de fric, il est prêt à vider les mers, vider les forêts puis les bruler, en bref tuer tous les écosystèmes pour finalement se tuer lui-même. Cette autodestruction se voit maintenant à tous les niveaux. Les mécanismes de controle sont infiniment trop timorés et n'ont pas les moyens d'actions suffisants.
arthur duchemin | 20 Octobre 2011 à 10h27
C'est un problème bien plus compliqué que vous ne pouvez le croire.. éduquer le consommateur... ca ne sert à rien.. il y aura tout le temps un acheteur cest assuré ! .. le problème de la fraude est très difficile à eradiquer... Imaginez au Canada.. Pêches et Océans Canada survole en avion les pêcheurs durant la saison avec des caméras ultra perfectionnés afin de les prendre à la fraude; des agents armés peuvent débarquer à l'intérieur des bateaux et les fouiller de fond en comble afin de trouver des saisies illégales etc etc.. Malgré tout cela, il y a de la fraude... L'argent une fois de plus même le monde au détriment de la planète... des amendes beaucoup plus élevé pouvant aller jusqu'à la saisi du bateau seraient des bonnes alternatives à prendre, mais pour cela il faut un programme de protection des pêches dans ces pays qui ne sont pas corrompues.. difficile à faire hein... ce sont toujours des cercles vicieux !
bonne journée
king kong | 19 Octobre 2011 à 22h19
Réponse a mimipinson :
Les quotas ne peuvent donc être a eux seuls la solution puisqu'ils ne sont pas respectés ! (comme les engrais pour les agriculteurs en effet..).
mais comment voulez vous avoir un contrôle la dessus ? il faudrait un contrôleur par bateau ! je pense que tout ne peux pas passer par le contrôle, les quotas. Bon, concernant l'education des consommateurs il ne faut pas se faire d'espoir , c'est pas les boites e pub/agroalim qui vont le faire ! ni même le gouvernement d'ailleurs (toujours réticent dès qu'on parle d'informer et d’éduquer sa population).
Pourquoi ne pourrait on pas voter une interdiction pure et simple de la pèche/vente et consommation comme pour les drogue alors ?... ca ne ferai qu'augmenter le prix du produits mais n'aurai aucune incidence sur la consommation (cf drogues encore).
je n'ai personnellement aucun doute sur la capacité de l'humanité a ne pas s’arrêter avant de se prendre le mur... (culture de masse crétinisante, sur consommation subventionnée par l’état, etc)
décroissant | 19 Octobre 2011 à 16h42
Humm les pêcheurs sont des braves types, des bon vieux loups de mer, comme nos éleveurs de porcs qui sont des gens bien eux aussi, de braves paysans, des gars du pays...
Respecter un quotas pour un pêcheur ou un agriculteur français c'est comme pour un grec, de payer ses impôts : une bêtise, voire un déshonneur.
Mimipinson qui se demande pour qui, pourquoi les lois sont faites.
mimipinson | 19 Octobre 2011 à 13h55
Je dirai surtout que sans une prise de conscience par les consommateurs rien ne changera pour les thons.. parce que c'est bien joli d'imposer des quotas de pèche.. mais tant qu'il y a de la demande il y aura toujours de la pèche !!
arrêtons surtout de manger n'importe quoi dans des quantités irresponsable ! augmenter le prix du thon de 1000% serai également une solution ! mais une fois de plus c'est les plus pauvres qui ne pâtirons..
décroissant | 19 Octobre 2011 à 13h50
Comme c'est étonnant... (ou pas). Sans des contrôles drastiques et des verbalisations qui incitent réellement à rentrer dans le rang, gageons que ces pratiques continueront. Il ne suffit pas de décréter un quota pour que magiquement tout le monde respecte la loi.
FCKennedy | 19 Octobre 2011 à 09h59
Thon rouge : trois fois plus de poissons vendus que pêchés !
L'écart entre les quantités commercialisées et les quotas alloués pour la pêche au thon rouge ne cesse de se creuser. La falsification de documents de déclaration et la vente illicite en seraient les principales causes.
Ressources naturelles | 18 Octobre 2011 | Actu-Environnement.comRéduire la taille du texteAugmenter la taille du texteImprimer cette pageOptions de partage
Malgré la diminution des captures licites et illicites de thon rouge depuis 2008, la surpêche et la fraude se poursuivent. Selon un rapport publié mi-octobre par Pew Environnement Group, l'écart entre les quantités commercialisées de thon rouge et les quotas fixés par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta) atteindrait un niveau record en 2010. En effet, 12.373 tonnes de thon rouge ont été capturées l'année dernière d'après les informations fournies par les Etats pêcheurs pour une quantité commercialisée de 32.564 tonnes.
Afin de calculer la quantité de thon rouge pêchée au-delà des quotas annuels, les chercheurs du Pew Environnement Group ont comparé les données des Etats fournies à la Cicta avec celles commerciales ainsi que douanières des importations et exportations. Cette analyse n'a, par ailleurs, pas pris en compte les thons rouges vendus au marché noir, ni ceux étiquetés sous le nom d'une autre espèce. Des mécanismes qui, s'ils étaient intégrés au calcul, augmenteraient davantage l'écart enregistré…
L'Italie dans le collimateur de l'Union européenne
Le 29 septembre dernier, l'UE a ainsi annoncé une seconde procédure d'infraction à l'encontre de l'Italie qui a deux mois pour prendre des mesures significatives pour démontrer l'implication de son gouvernement dans la lutte contre les filets dérivants. Dans le cas contraire, le pays pourrait se voir infliger une amende allant jusqu'à 120 millions d'euros. Mais, cette procédure ne semble pas satisfaire pleinement le Pew Environnement Group qui a demandé à l'UE et à la Cicta de prendre des dispositions plus strictes. Une d'entre elles consiste "à placer immédiatement sur la liste noire de navires de la Cicta tout opérateur italien réputé avoir pratiqué des activités de pêche au filet dérivant pourtant interdites. Ce faisant, il leur serait interdit de débarquer leurs thons rouges ou espadons et les importateurs et d'autres secteurs seraient découragés d'acheter ces espèces à des navires sur liste noire", met en avant le Pew Environnement Group.
En fonction des rapports officiels de capture de la Cicta et des données commerciales, près de 395.554 tonnes de thon rouge auraient été pêchées entre 1998 et 2010 alors que la quantité réellement commercialisée s'élèverait à 490.000 tonnes sur la même période. Soit un dépassement de près de 100.000 tonnes. Mais, avec la diminution de plus en plus importante des quotas de pêche alloués aux Etats, l'écart a tendance à augmenter. "En 2008, la quantité de thon rouge de l'Atlantique Est et de la Méditerranée négociée sur le marché mondial dépassait de 31% le quota ajusté de la CICTA. En 2010, cette quantité passait à 141%", souligne le rapport du centre de recherche américain. Si ce niveau de capture se maintient, la population de thon rouge de Méditerranée aurait moins de 24 % de chances de se reconstituer d'ici 2022 selon l'évaluation des stocks par la Commission. En 2011, les 48 Etats membres de la CICTA continuent leurs efforts pour la sauvegarde de l'espèce et ont donc fixé un quota de capture légèrement inférieur à celui de 2010 avec 12.900 tonnes autorisées.
Un système électronique pour limiter la fraude
Malgré la forte réduction des quotas et la mise en place par les membres de la Cicta d'un système de documentation sur papier des captures de thon (BCD), certains facteurs expliqueraient encore cet écart comme la falsification de documents pour la vente et le commerce illicite de thons, notamment vers les marchés locaux de l'Union européenne (UE). La sous-déclaration systématique, voire la non déclaration, de thons rouges capturés et transférés vers des élevages en Méditerranée aggrave également cette situation. Enfin, l'interdiction d'utiliser des filets dérivants ne serait pas respectée dans certains pays côtiers de Méditerranée, en particulier l'Italie.
Pour régler les problèmes de fraude, la Cicta a formé un groupe de travail dont l'objectif est d'élaborer d'ici la saison 2012, un système BCD électronique permettant de déclarer de manière plus précise et avec le moins de retard possible les données de capture. "En novembre 2010, des informations essentielles manquaient encore dans la base de données BCD de l'ICCAT [Cicta] pour 75 % des captures réalisées en 2008 et 2009 par des senneurs", précise ainsi le rapport.
De son côté, le Pew Environnement Group souhaite que l'e-BCD comprenne au minimum une base de données sûre, centralisée et facilement accessible aux utilisateurs autorisés. Il réclame également l'établissement d'un système de code-barres pour assurer le suivi de chaque poisson le long de la chaîne d'approvisionnement.
Clément Cygler
© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur ou établissement d'un lien préformaté [13857] / utilisation du flux d'actualité.
6 réactions à cet article
ON peut prédire que se mettra en place dans les années à venir, une armée indépendante dont le but sera de sauver la biodiversité. L'humain (ou plutot le bipède qui se prétend humain) en effet est devenu fou, avide de fric, il est prêt à vider les mers, vider les forêts puis les bruler, en bref tuer tous les écosystèmes pour finalement se tuer lui-même. Cette autodestruction se voit maintenant à tous les niveaux. Les mécanismes de controle sont infiniment trop timorés et n'ont pas les moyens d'actions suffisants.
arthur duchemin | 20 Octobre 2011 à 10h27
C'est un problème bien plus compliqué que vous ne pouvez le croire.. éduquer le consommateur... ca ne sert à rien.. il y aura tout le temps un acheteur cest assuré ! .. le problème de la fraude est très difficile à eradiquer... Imaginez au Canada.. Pêches et Océans Canada survole en avion les pêcheurs durant la saison avec des caméras ultra perfectionnés afin de les prendre à la fraude; des agents armés peuvent débarquer à l'intérieur des bateaux et les fouiller de fond en comble afin de trouver des saisies illégales etc etc.. Malgré tout cela, il y a de la fraude... L'argent une fois de plus même le monde au détriment de la planète... des amendes beaucoup plus élevé pouvant aller jusqu'à la saisi du bateau seraient des bonnes alternatives à prendre, mais pour cela il faut un programme de protection des pêches dans ces pays qui ne sont pas corrompues.. difficile à faire hein... ce sont toujours des cercles vicieux !
bonne journée
king kong | 19 Octobre 2011 à 22h19
Réponse a mimipinson :
Les quotas ne peuvent donc être a eux seuls la solution puisqu'ils ne sont pas respectés ! (comme les engrais pour les agriculteurs en effet..).
mais comment voulez vous avoir un contrôle la dessus ? il faudrait un contrôleur par bateau ! je pense que tout ne peux pas passer par le contrôle, les quotas. Bon, concernant l'education des consommateurs il ne faut pas se faire d'espoir , c'est pas les boites e pub/agroalim qui vont le faire ! ni même le gouvernement d'ailleurs (toujours réticent dès qu'on parle d'informer et d’éduquer sa population).
Pourquoi ne pourrait on pas voter une interdiction pure et simple de la pèche/vente et consommation comme pour les drogue alors ?... ca ne ferai qu'augmenter le prix du produits mais n'aurai aucune incidence sur la consommation (cf drogues encore).
je n'ai personnellement aucun doute sur la capacité de l'humanité a ne pas s’arrêter avant de se prendre le mur... (culture de masse crétinisante, sur consommation subventionnée par l’état, etc)
décroissant | 19 Octobre 2011 à 16h42
Humm les pêcheurs sont des braves types, des bon vieux loups de mer, comme nos éleveurs de porcs qui sont des gens bien eux aussi, de braves paysans, des gars du pays...
Respecter un quotas pour un pêcheur ou un agriculteur français c'est comme pour un grec, de payer ses impôts : une bêtise, voire un déshonneur.
Mimipinson qui se demande pour qui, pourquoi les lois sont faites.
mimipinson | 19 Octobre 2011 à 13h55
Je dirai surtout que sans une prise de conscience par les consommateurs rien ne changera pour les thons.. parce que c'est bien joli d'imposer des quotas de pèche.. mais tant qu'il y a de la demande il y aura toujours de la pèche !!
arrêtons surtout de manger n'importe quoi dans des quantités irresponsable ! augmenter le prix du thon de 1000% serai également une solution ! mais une fois de plus c'est les plus pauvres qui ne pâtirons..
décroissant | 19 Octobre 2011 à 13h50
Comme c'est étonnant... (ou pas). Sans des contrôles drastiques et des verbalisations qui incitent réellement à rentrer dans le rang, gageons que ces pratiques continueront. Il ne suffit pas de décréter un quota pour que magiquement tout le monde respecte la loi.
FCKennedy | 19 Octobre 2011 à 09h59