Inde, Israël, Etats-Unis : le mouvement des "indignés" gagne tous les pays
Printemps arabe, indignés: les mouvements populaires de contestation ont marqué cette année 2011. Les Américains sont les derniers en date à être pris par la fièvre revendicatrice. Ils siègent devant Wall Street depuis le 17 septembre.
Le parc qui borde Wall Street à New York s’est transformé en campement pour quelques centaines de manifestants. Ces indignés de New York se font appeler "les 99%". "Nous n’avons rien, alors que 1% des Américains à tout. Nous sommes les 99% restants", explique un manifestant. En occupant Wall Street, c'est le système financier et la dictature des marchés qui sont pris pour cibles.
Pas de message ciblé
Le mouvement "Occupy Wall Street" peine à prendre son envol à New-York, la faute peut-être à l’absence d’un message précis. Du chômage, à l’injustice sociale et aux disparités économiques, les revendications ont ensuite dérivé vers la cause environnementale, la peine de mort etc...
Mais les protestataires veulent montrer qu’ils existent. Certaines personnalités américaines, comme Michael Moore, apportent leur soutien et les réseaux sociaux prennent aussi le relais. Une cinquantaine de villes, plus mal en point que la riche Manhattan, voient naître un mouvement similaire.
La crise financière de trop
Aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe une des raisons qui a déclenché cette révolte est une énième crise économique. Endettement, suppression des dépenses sociales, les dirigeants politiques annoncent des mesures d’austérité pour stabiliser la monnaie et la dette des états.
Avec un taux de chômage qui atteint des sommets alarmants, les jeunes ont souvent été les premiers à descendre dans la rue. Rejoints par leurs aînés, tous ces indignés se sentent abandonnés par le pouvoir.
Du pacifisme à la violence
Les Grecs, en particulier ont l'impression de payer à la place des vrais responsables. Le pays, au cœur des préoccupation de l’Union européenne, a vu des milliers de citoyens se mobiliser à partir de mai 2011. Les grèves ont dégénéré en affrontements violents avec les forces de l’ordre. Après l’accalmie de l’été, le mouvement a repris en septembre.
Même son de cloche à Londres. La jeunesse anglaise, désarçonnée par la conjecture économique et sociale, a voulu manifester sa colère. L’espoir a fait place au pessimisme d’un avenir à risque. Le flegme anglais a disparu au profit d’une protestation vite transformée en anarchie.
Dans ces deux pays, la bannière pacifiste est rompue tout comme le dialogue avec le pouvoir.
L'économie n’est pas le seul enjeu
Mais il ne faut pas croire : des pays financièrement à flot ont également leur lot d'indignés.
Israël, par exemple, a une croissance forte (4%) et un chômage assez faible (5%) grâce à un marché axé sur les hautes technologies. La santé économique est bonne, le problème se situe donc ailleurs.
Le 3 septembre, près de 400 000 personnes ont défilé pour réclamer un changement du système politique. Cela représente la mobilisation populaire la plus importante depuis la création de l’Etat hébreu.
Ce genre d’événement passe presque inaperçu tant l’actualité d’Israël est monopolisée par les affaires à l’ONU. Les citoyens déplorent que les gouvernants, quel que soit le parti, concentrent tous leurs efforts sur la question sécuritaire.
Les indignés israéliens désertent les bureaux de vote. Cette action traduit bien cette méfiance à l’égard de ceux qui les gouvernent : la société se sent prise en otage par une classe qui détient l’argent et le pouvoir. Bref, une classe qui tire les ficelles du pays et creuse les inégalités.
A quoi bon voter ?
Un autre pays manifeste également sa rengaine envers le système politique : l’Inde. La plus grande démocratie du monde ne croit plus au pouvoir des urnes. Les Indiens, conscients que leur vote ne sert qu’à établir la corruption, accusent les grands partis d’être préoccupés par leurs seuls intérêts.
Au printemps dernier, Anna Hazare, présentée comme le nouveau Gandhi, a trouvé une méthode pour faire bouger les choses : la grève de la faim. Cette méthode semble avoir fait ses preuves puisqu'aujourd'hui les citoyens bénéficient de médiateurs dans chaque Etat pour se plaindre des faits de corruption.
Une ère post-démocratique
Les crises se succèdent sans aboutir à des solutions pérennes. La réflexion critique va au-delà du mouvement anti-crise, anti-austérité, ou anticapitaliste.
Les indignés du monde entier dénoncent ce qu’ils pensent être une démocratie de façade. Ils pointent du doigt des structures classiques trop hiérarchisées.
Ce mouvement citoyen apolitique réclame une vraie démocratie participative qui mettrait fin à des modes de gouvernances, qu’il juge, oligarchiques.
Dans ce combat, le silence médiatique est souvent critiqué. Les affrontements entre policiers et militants sont presque les seuls sujets qui attirent l’attention des médias, peu enclins à donner une vraie visibilité aux évènements.
D'ailleurs la prochaine grande réunion aura lieu en Belgique avec l'arrivée de la marche des indignés. Des citoyens partis des quatre coins de l’Europe, rameutent au rythme des escales des centaines d’indignés. Débuté en juillet, l’ultime étape est prévue le 15 octobre à Bruxelles, la capitale européenne.
C.C.
sources : http://www.rtbf.be/info/societe/detail_inde-israel-etats-unis-le-mouvement-des-indignes-gagne-tous-les-pays?id=6840273
30 septembre 2011
Printemps arabe, indignés: les mouvements populaires de contestation ont marqué cette année 2011. Les Américains sont les derniers en date à être pris par la fièvre revendicatrice. Ils siègent devant Wall Street depuis le 17 septembre.
Le parc qui borde Wall Street à New York s’est transformé en campement pour quelques centaines de manifestants. Ces indignés de New York se font appeler "les 99%". "Nous n’avons rien, alors que 1% des Américains à tout. Nous sommes les 99% restants", explique un manifestant. En occupant Wall Street, c'est le système financier et la dictature des marchés qui sont pris pour cibles.
Pas de message ciblé
Le mouvement "Occupy Wall Street" peine à prendre son envol à New-York, la faute peut-être à l’absence d’un message précis. Du chômage, à l’injustice sociale et aux disparités économiques, les revendications ont ensuite dérivé vers la cause environnementale, la peine de mort etc...
Mais les protestataires veulent montrer qu’ils existent. Certaines personnalités américaines, comme Michael Moore, apportent leur soutien et les réseaux sociaux prennent aussi le relais. Une cinquantaine de villes, plus mal en point que la riche Manhattan, voient naître un mouvement similaire.
La crise financière de trop
Aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe une des raisons qui a déclenché cette révolte est une énième crise économique. Endettement, suppression des dépenses sociales, les dirigeants politiques annoncent des mesures d’austérité pour stabiliser la monnaie et la dette des états.
Avec un taux de chômage qui atteint des sommets alarmants, les jeunes ont souvent été les premiers à descendre dans la rue. Rejoints par leurs aînés, tous ces indignés se sentent abandonnés par le pouvoir.
Du pacifisme à la violence
Les Grecs, en particulier ont l'impression de payer à la place des vrais responsables. Le pays, au cœur des préoccupation de l’Union européenne, a vu des milliers de citoyens se mobiliser à partir de mai 2011. Les grèves ont dégénéré en affrontements violents avec les forces de l’ordre. Après l’accalmie de l’été, le mouvement a repris en septembre.
Même son de cloche à Londres. La jeunesse anglaise, désarçonnée par la conjecture économique et sociale, a voulu manifester sa colère. L’espoir a fait place au pessimisme d’un avenir à risque. Le flegme anglais a disparu au profit d’une protestation vite transformée en anarchie.
Dans ces deux pays, la bannière pacifiste est rompue tout comme le dialogue avec le pouvoir.
L'économie n’est pas le seul enjeu
Mais il ne faut pas croire : des pays financièrement à flot ont également leur lot d'indignés.
Israël, par exemple, a une croissance forte (4%) et un chômage assez faible (5%) grâce à un marché axé sur les hautes technologies. La santé économique est bonne, le problème se situe donc ailleurs.
Le 3 septembre, près de 400 000 personnes ont défilé pour réclamer un changement du système politique. Cela représente la mobilisation populaire la plus importante depuis la création de l’Etat hébreu.
Ce genre d’événement passe presque inaperçu tant l’actualité d’Israël est monopolisée par les affaires à l’ONU. Les citoyens déplorent que les gouvernants, quel que soit le parti, concentrent tous leurs efforts sur la question sécuritaire.
Les indignés israéliens désertent les bureaux de vote. Cette action traduit bien cette méfiance à l’égard de ceux qui les gouvernent : la société se sent prise en otage par une classe qui détient l’argent et le pouvoir. Bref, une classe qui tire les ficelles du pays et creuse les inégalités.
A quoi bon voter ?
Un autre pays manifeste également sa rengaine envers le système politique : l’Inde. La plus grande démocratie du monde ne croit plus au pouvoir des urnes. Les Indiens, conscients que leur vote ne sert qu’à établir la corruption, accusent les grands partis d’être préoccupés par leurs seuls intérêts.
Au printemps dernier, Anna Hazare, présentée comme le nouveau Gandhi, a trouvé une méthode pour faire bouger les choses : la grève de la faim. Cette méthode semble avoir fait ses preuves puisqu'aujourd'hui les citoyens bénéficient de médiateurs dans chaque Etat pour se plaindre des faits de corruption.
Une ère post-démocratique
Les crises se succèdent sans aboutir à des solutions pérennes. La réflexion critique va au-delà du mouvement anti-crise, anti-austérité, ou anticapitaliste.
Les indignés du monde entier dénoncent ce qu’ils pensent être une démocratie de façade. Ils pointent du doigt des structures classiques trop hiérarchisées.
Ce mouvement citoyen apolitique réclame une vraie démocratie participative qui mettrait fin à des modes de gouvernances, qu’il juge, oligarchiques.
Dans ce combat, le silence médiatique est souvent critiqué. Les affrontements entre policiers et militants sont presque les seuls sujets qui attirent l’attention des médias, peu enclins à donner une vraie visibilité aux évènements.
D'ailleurs la prochaine grande réunion aura lieu en Belgique avec l'arrivée de la marche des indignés. Des citoyens partis des quatre coins de l’Europe, rameutent au rythme des escales des centaines d’indignés. Débuté en juillet, l’ultime étape est prévue le 15 octobre à Bruxelles, la capitale européenne.
C.C.
sources : http://www.rtbf.be/info/societe/detail_inde-israel-etats-unis-le-mouvement-des-indignes-gagne-tous-les-pays?id=6840273
30 septembre 2011