Attaques d'Oslo : le suspect reconnaÎt les faits reprochés
“C’était cruel mais nécessaire”
Par : Djamel Bouatta
Le suspect des attaques d'Oslo, Anders Behring Breivik, a reconnu les faits qui lui sont reprochés, a déclaré son avocat à la télévision norvégienne NRK, précisant que son client jugeait son geste “cruel” mais nécessaire.
Anders Behring Breivik, ce Norvégien à la tête blonde, un vrai viking pur souche, proche de l'extrême droite, a reconnu être responsable du carnage qui a fait au moins 92 morts à Oslo et dans ses environs, le pire acte de violence commis en Norvège depuis la Seconde Guerre mondiale. Le terroriste chrétien a expliqué que “c'était cruel, mais qu'il devait mener ces actions à leur terme”, ajoutant que les attaques avaient été planifiées sur une longue période. Breivik est considéré par les enquêteurs comme l'auteur des deux attaques de vendredi, l'explosion d'une bombe de forte puissance dans le centre d'Oslo, sous la fenêtre du bureau du Premier ministre travailliste, Jens Stoltenberg, et le massacre à l'arme à feu commis ensuite sur l'île d'Utoeya, proche de la capitale norvégienne, où se tenait un rassemblement de la jeunesse du Parti travailliste au pouvoir. Sur la foi des informations qu'il a mises en ligne sur Internet, ce Norvégien de souche, âgé de 32 ans, est passé à l’acte contre l'Islam, le marxisme et le multiculturalisme. C’est un fondamentaliste chrétien qui a milité au sein du Parti du Progrès, une formation de la droite populiste norvégienne avant de rejoindre un forum extrémiste suédois, Nordisk, créé en 2007 pour défendre “l'identité, la culture et les traditions nordiques”. Et voilà donc que le fondamentalisme chrétien annonce la couleur. Avec ces attentats de Norvège, le grand public découvre que le fondamentalisme et la violence ne sont pas l’apanage de l’islamisme comme le leur ont insinué dans les esprits leurs médias et classes politiques. Donc, les chrétiens, comme, par ailleurs, les autres religions, y compris les monothéismes, ont leurs fondamentalistes et leurs radicaux violents.
Les fondamentalismes se ressemblent d’ailleurs sur de nombreux points. Le fondamentalisme chrétien prône le strict respect de la doctrine chrétienne fondée sur une interprétation littérale de la Bible, combattant le développement du rationalisme et la pensée moderne que cette religion a acquise au fil des siècles. Le fondamentalisme chrétien rêve lui aussi de l’âge d’or du christianisme, de sa pureté originelle. Des fantasmes qu’il nourrit comme ses alter égo dans l’Islam ou la judaïté ou encore chez les indous. Le fondamentalisme chrétien, dans sa version actuelle, a été systématisé entre les deux guerres mondiales, aux États-Unis notamment, où il a élargi son dogme jusque-là assis sur des percepts purement religieux, à la politique et à la vie sociale. Pour ses adeptes, la bible originelle infaillible doit gérer la sphère publique. Au point de réfuter la science et son enseignement ! Ils s'opposent aux interprétations modernistes de la Bible, souhaitent le respect intégral de la religion et réclament l'influence de la religion sur la vie politique et la morale publique. Le fondamentalisme chrétien est lui aussi fragmenté en plusieurs courants dont les baptistes, les presbytériens ou encore les disciples du Christ. À partir des années 1980, il devient une force influente aux États-Unis et s’étend en Europe. Avec la montée de l’islamisme radical, il prend à son tour un aspect intégriste, s'opposant à l'extension du libéralisme et de la laïcité dans la vie occidentale et décrète la guerre ouverte à l’Islam, dans le sillage de l’islamophobie développé par le président américain W. George Bush, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 contre deux tours new-yorkaises. Celui-ci n’a-t-il pas instauré un pouvoir néoconservateur qui a constitué une arrière-garde de résistance au mouvement de sécularisation des sociétés chrétiennes mais aussi des autres sociétés, dont les musulmans, par le jeu de la politique impériale des États-Unis. Des États-Unis où il représente 32% de la population, le mouvement s’est propagé en Europe à partir de la Pologne. La fièvre a gagné le reste de l'Europe, ce qui est attesté par la montée spectaculaire de l’extrême droite qui coïncide avec le mouvement antimusulman.
Les polices européennes s'inquiètent depuis 2010 de l’extension des idées d'extrême droite, alimentées par un mélange toxique d'islamophobie, de racisme anti-immigrés et de difficultés sociales. Jusqu'à présent, toutefois, la violence avait rarement dépassé le stade de passages à tabac d’émigrés notamment musulmans. La double attaque norvégienne, la plus meurtrière sur le continent européen depuis les attentats attribués à Al-Qaïda qui avaient fait 52 morts à Londres en 2005, doit inciter les polices européennes à s’occuper de leurs fondamentalistes de souche et à ne plus concentrer leurs regards que sur les communautés musulmanes, appréhendées comme des réseaux terroristes islamistes. La police norvégienne ainsi que ses homologues de l’UE, cherchent à savoir si le terroriste chrétien a agi seul, ou s'il fait partie d'un groupe. Le rapport de 2010 de la police norvégienne avait également relevé la professionnalisation croissante de l'extrême droite dans la production de propagande antimusulmane, antisémite et xénophobe, ainsi que sa présence accrue sur les réseaux sociaux. Restait à découvrir son passage à la violence et son mode opératoire. Voilà qui est fait.
25 juillet 2011
sources : http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=159847&titre=%E2%80%9CC%E2%80%99%C3%A9tait%20cruel%20mais%20n%C3%A9cessaire%E2%80%9D
“C’était cruel mais nécessaire”
Par : Djamel Bouatta
Le suspect des attaques d'Oslo, Anders Behring Breivik, a reconnu les faits qui lui sont reprochés, a déclaré son avocat à la télévision norvégienne NRK, précisant que son client jugeait son geste “cruel” mais nécessaire.
Anders Behring Breivik, ce Norvégien à la tête blonde, un vrai viking pur souche, proche de l'extrême droite, a reconnu être responsable du carnage qui a fait au moins 92 morts à Oslo et dans ses environs, le pire acte de violence commis en Norvège depuis la Seconde Guerre mondiale. Le terroriste chrétien a expliqué que “c'était cruel, mais qu'il devait mener ces actions à leur terme”, ajoutant que les attaques avaient été planifiées sur une longue période. Breivik est considéré par les enquêteurs comme l'auteur des deux attaques de vendredi, l'explosion d'une bombe de forte puissance dans le centre d'Oslo, sous la fenêtre du bureau du Premier ministre travailliste, Jens Stoltenberg, et le massacre à l'arme à feu commis ensuite sur l'île d'Utoeya, proche de la capitale norvégienne, où se tenait un rassemblement de la jeunesse du Parti travailliste au pouvoir. Sur la foi des informations qu'il a mises en ligne sur Internet, ce Norvégien de souche, âgé de 32 ans, est passé à l’acte contre l'Islam, le marxisme et le multiculturalisme. C’est un fondamentaliste chrétien qui a milité au sein du Parti du Progrès, une formation de la droite populiste norvégienne avant de rejoindre un forum extrémiste suédois, Nordisk, créé en 2007 pour défendre “l'identité, la culture et les traditions nordiques”. Et voilà donc que le fondamentalisme chrétien annonce la couleur. Avec ces attentats de Norvège, le grand public découvre que le fondamentalisme et la violence ne sont pas l’apanage de l’islamisme comme le leur ont insinué dans les esprits leurs médias et classes politiques. Donc, les chrétiens, comme, par ailleurs, les autres religions, y compris les monothéismes, ont leurs fondamentalistes et leurs radicaux violents.
Les fondamentalismes se ressemblent d’ailleurs sur de nombreux points. Le fondamentalisme chrétien prône le strict respect de la doctrine chrétienne fondée sur une interprétation littérale de la Bible, combattant le développement du rationalisme et la pensée moderne que cette religion a acquise au fil des siècles. Le fondamentalisme chrétien rêve lui aussi de l’âge d’or du christianisme, de sa pureté originelle. Des fantasmes qu’il nourrit comme ses alter égo dans l’Islam ou la judaïté ou encore chez les indous. Le fondamentalisme chrétien, dans sa version actuelle, a été systématisé entre les deux guerres mondiales, aux États-Unis notamment, où il a élargi son dogme jusque-là assis sur des percepts purement religieux, à la politique et à la vie sociale. Pour ses adeptes, la bible originelle infaillible doit gérer la sphère publique. Au point de réfuter la science et son enseignement ! Ils s'opposent aux interprétations modernistes de la Bible, souhaitent le respect intégral de la religion et réclament l'influence de la religion sur la vie politique et la morale publique. Le fondamentalisme chrétien est lui aussi fragmenté en plusieurs courants dont les baptistes, les presbytériens ou encore les disciples du Christ. À partir des années 1980, il devient une force influente aux États-Unis et s’étend en Europe. Avec la montée de l’islamisme radical, il prend à son tour un aspect intégriste, s'opposant à l'extension du libéralisme et de la laïcité dans la vie occidentale et décrète la guerre ouverte à l’Islam, dans le sillage de l’islamophobie développé par le président américain W. George Bush, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 contre deux tours new-yorkaises. Celui-ci n’a-t-il pas instauré un pouvoir néoconservateur qui a constitué une arrière-garde de résistance au mouvement de sécularisation des sociétés chrétiennes mais aussi des autres sociétés, dont les musulmans, par le jeu de la politique impériale des États-Unis. Des États-Unis où il représente 32% de la population, le mouvement s’est propagé en Europe à partir de la Pologne. La fièvre a gagné le reste de l'Europe, ce qui est attesté par la montée spectaculaire de l’extrême droite qui coïncide avec le mouvement antimusulman.
Les polices européennes s'inquiètent depuis 2010 de l’extension des idées d'extrême droite, alimentées par un mélange toxique d'islamophobie, de racisme anti-immigrés et de difficultés sociales. Jusqu'à présent, toutefois, la violence avait rarement dépassé le stade de passages à tabac d’émigrés notamment musulmans. La double attaque norvégienne, la plus meurtrière sur le continent européen depuis les attentats attribués à Al-Qaïda qui avaient fait 52 morts à Londres en 2005, doit inciter les polices européennes à s’occuper de leurs fondamentalistes de souche et à ne plus concentrer leurs regards que sur les communautés musulmanes, appréhendées comme des réseaux terroristes islamistes. La police norvégienne ainsi que ses homologues de l’UE, cherchent à savoir si le terroriste chrétien a agi seul, ou s'il fait partie d'un groupe. Le rapport de 2010 de la police norvégienne avait également relevé la professionnalisation croissante de l'extrême droite dans la production de propagande antimusulmane, antisémite et xénophobe, ainsi que sa présence accrue sur les réseaux sociaux. Restait à découvrir son passage à la violence et son mode opératoire. Voilà qui est fait.
25 juillet 2011
sources : http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=159847&titre=%E2%80%9CC%E2%80%99%C3%A9tait%20cruel%20mais%20n%C3%A9cessaire%E2%80%9D